EDITORIAL – PAR MAMADOU NDIAYE: PLUIE DE MILLIARDS

 

La vérité soulage. Mieux, elle libère. Aussi bizarre que cela puisse paraître, cette même vérité fait fuir. Pire, elle… isole ! Dans ce pays nommé Sénégal, la spéculation pactise avec le mensonge pour étouffer les vertus grâce aux vices que réprouve la morale sociale. Face à cette affligeante scène, les parangons, on le devine, l’ont quittée. Ils vivent reclus et cachés de peur d’être comptés au nombre des fossoyeurs d’une société gagnée par les dérives et hantée par le déclin. Ont-ils tort ou raison de prendre leur distance ? Qui se souviendra d’eux ?

Pas ce présent chaotique en tout cas qui broie du noir et se noie dans le brouillard. Pas davantage le futur dont l’horizon brumeux obscurcit toute intention de reconnaissance. Prêtons cependant attention aux fissures de notre cohésion nationale qui proviennent des diatribes, de la médisance, des tromperies, de la méchanceté, de l’oisiveté, de la jalousie et de l’hypocrisie. Le déchaînements de passion et de haine fleurissent en mettant en péril « l’art de vivre » bien sénégalais. Comment poser des actes citoyens pour s’opposer à ces débordements ? Comment préserver notre pays et l’épargner de ces « identités meurtrières » qui sèment partout la désolation ? De « courageux » encagoulés, à la notoriété en berne, travestissent à longueur de journée des propos prêtés injustement à d’honnêtes citoyens.

Sans retenue, sans discernement, ils amalgament dans le but de flagorner des entourages qui les entretiennent et les maintiennent en survie. Si certains se sentent attirés par le devoir, la responsabilité, l’action et la générosité, d’autres par contre, flirtent avec la couardise, pataugent dans la gadoue, le cœur déraciné, et renoncent à l’honneur, à l’engagement et à la grandeur pour ne devenir que de distraits spectateurs d’une histoire qui se fait sans eux.

Ce Groupe de presse, E-Media INVEST et les hommes qui l’incarnent, se tiennent debout, tête au vent, insensibles aux fureurs urbaines mais très attachées aux valeurs cardinales propres à ce beau pays forgé par des hommes, de très grands hommes qui ont déposé sur le fronton leurs empreintes indélébiles.

Pour la deuxième fois, le Sénégal célèbre son indépendance dans la sobriété avec une simple prise d’armes mais ô combien symbolique ! En revisitant des pans de cette trajectoire, l’on ne peut pas ne pas penser à ces hommes et femmes qui ont fondu, jeunes, -ils n’avaient pas 30 ans pour la plupart- leurs ambitions individuelles dans le destin d’un Sénégal qui renouait avec la liberté après 300 ans d’interruption. Qu’avons-nous fait de cette indépendance ? L’avons-nous préservée ? L’avons-nous ruinée ? Les pratiques qui ont cours dans le jeu politique se prolongent dans l’univers des affaires et transfigurent une société dont l’idéal de vie fluctue au gré d’humeurs et de rumeurs orchestrées par des gens dépouillés d’honneur.

De ce fait, E-Media épouse son temps. Il s’évertue à déceler les tendances lourdes. Il a l’œil rivé sur le rétroviseur pour détecter les avatars qui, jadis, ont piégé d’illustres devanciers dans le remuant secteur de la presse. Certes les époques diffèrent. Les enjeux sont autres. Aujourd’hui, faute de recul, le détail prend le dessus sur l’essentiel. L’information s’efface au profit de l’infox, elle, alimentée par des officines aux desseins inavoués, tapis à l’ombre pour des agitations bruyantes et décousues à l’appui de minuscules réseaux d’affidés. Le pareil et le même s’offrent comme un maigre choix, causes profondes d’un malaise ou d’une désaffection des opinions.

C’est dans ce contexte justement et à ce moment précis qu’est né le Groupe E-Media qui ne bouscule aucun ordre, si jamais il y en a, mais s’investit pour réhabiliter une profession outrageusement chahutée. C’est à la fois un travail de titan et un risque. Mais le risque pris s’est transformé, contre toute attente immédiate, en espoir chez une bonne partie des Sénégalais en phase avec notre projet éditorial. En toile de fond de cette sympathie, se profile le rejet des excès, l’adhésion à une pratique saine du journalisme centré sur les faits et à équidistance des intérêts.

Loin de nous l’idée de nous attribuer ce mérite à nous seul. Au contraire, ce renversement de perspective ouvre un champ des possibles en même temps qu’il laisse éclore de jeunes talents très enchantés par la tâche, immense, que nous nous assignons en tant qu’acteurs de cette mutation. Bien entendu, ce cap nous expose à plus d’hostilités combinées du fait des positions acquises, des intérêts en cours, de la transparence qui s’amorce et de l’opinion qui se forge.

Dans cette entreprise, E-Media suscite des curiosités mais les options prises ne l’isolent pas de son écosystème naturel : les médias. Nous n’incarnons pas le visage de la témérité mais celui de la lucidité, du courage et surtout du réalisme. Une telle approche nous rapproche des opinions publiques. Lesquelles détestent les fausses pudeurs, les arrangements de circonstance et les réflexes d’intérêt quand se joue l’avenir de ce pays. Autant dire que les cris d’orfraie n’effraient pas E-Media.

Le soir du 3 avril, dans son discours à la nation, le Président de la République a annoncé une batterie de mesures visant à relancer les politiques d’emploi avec un calendrier serré pour illustrer son engagement en faveur de la jeunesse. Instruit par les événements tragiques de mars dernier, il a donné des gages et impulsé des dynamiques à la base pour un « réveil des atouts » dans les régions et les départements où seront érigés des guichets d’accueil des projets. Coût de l’opération : 450 milliards de FCFA. À quoi s’ajoute un pactole de 80 milliards destinés au recrutement de jeunes.

Les arbitrages et les réallocations ont servi à mobiliser cette importante enveloppe en ces moments de disette financière. Le pays a besoin de ses forces et plus particulièrement de sa jeunesse pour faire décoller son économie. Or les jeunes crient à tue-tête pour avoir du travail. Mais personne ne les entend revendiquer une formation qualifiante préalable à toute éventuelle insertion. Dans quel état se trouvera le pays si le plein emploi est assuré ? Et puis quels emplois demain alors que l’offre se renouvelle constamment ?

Par défaut d’adéquation, le marché ne s’interdit pas de s’orienter vers l’extérieur pour recruter des profils ajustés aux besoins des entreprises, des compagnies et des multinationales. Une demande non satisfaite risque de provoquer une ruée vers le Sénégal dont le premier baril est attendu en 2023 ? L’heure de vérité a sonné : renouer avec le pays profond, rétablir les équilibres et s’affranchir de cette interminable recréation alors que partout dans le monde, les jeunes se préparent aux enjeux du futur. Certains, parmi eux, sillonnent l’Afrique en quête d’opportunités, insufflés par un réel esprit d’aventures conquérantes ?

Emediasn