CORONAVIRUS AU BRÉSIL: Dépassé, Sao Paulo organise des enterrements de nuit

 

Deuxième pays le plus endeuillé de la planète, le Brésil livre son combat contre le Covid-19 dans la plus grande confusion.

Le combat contre le Covid est de plus en plus chaotique au Brésil. Le deuxième pays le plus endeuillé par la pandémie enchaîne les sombres records: plus de 4000 personnes sont décédées du Covid-19 lors de la seule journée de mardi. Au total, 336’947 personnes ont officiellement succombé à la maladie. La pandémie semble hors de contrôle dans ce pays d’Amérique latine, et les spécialistes craignent pour avril une hécatombe encore pire que celle du mois dernier, avec 66’000 décès.

Les hôpitaux sont saturés dans la plupart des régions. À Sao Paulo, capitale économique du Brésil et ville la plus peuplée, des bus scolaires ont été réquisitionnés pour transporter des cadavres. Les cimetières étant totalement dépassés par les événements, des enterrements sont organisés la nuit afin d’affronter l’arrivée constante de nouvelles dépouilles. Malgré cette situation catastrophique, le président d’extrême droite Jair Bolsonaro continue de critiquer les restrictions, au nom de la préservation de l’emploi.

Le pays livre son combat contre le Covid-19 dans la plus grande confusion, avec un éventail de mesures pour les écoles, les églises ou les restaurants contradictoires, mal expliquées et soumises aux aléas des décisions judiciaires. «Ici à Rio, nous sommes pris au milieu d’une bataille politique entre le maire et le gouverneur, et ça ajoute encore plus de confusion», déplore Marcia Matos, habitante d’une des plus grandes villes du pays.

«Un grand vide juridique»

Fin mars, le maire Eduardo Paes a décrété la fermeture totale des bars et des restaurants, mais le gouverneur de l’État de Rio, Claudio Castro, a permis qu’ils restent ouverts jusqu’à 23h00. «Sans coordination nationale, sans un ministère de la Santé qui oriente la réponse face à la pandémie, il y a un grand vide juridique», explique à l’AFP José David Urbaez, du Centre d’Infectiologie de Brasilia.

«Il n’y a pas de définition claire pour tout le Brésil des activités qui doivent être considérées comme «essentielles». Chaque ville, chaque État, définit à sa manière ce qui peut rester ouvert ou non, au gré des pressions politiques et économiques locales, c’est pourquoi la situation est si chaotique», résume-t-il.

Églises ouvertes à Pâques

Samedi, veille du dimanche de Pâques, un juge de la Cour suprême récemment nommé par le président Bolsonaro a décidé d’autoriser l’ouverture des lieux de culte dans tout le Brésil malgré les interdits en vigueur dans de nombreuses villes, à la demande d’une association de juristes évangéliques. Nouveau rebondissement lundi, quand Gilmar Mendes, un autre magistrat de la plus haute juridiction, a rétabli l’interdiction pour l’État de Sao Paulo.

La situation ne devrait se clarifier que mercredi, quand la Cour suprême tranchera en séance plénière. «Cette multiplication des recours judiciaires est une conséquence directe de l’absence d’une coordination nationale, avec des décisions fermes et transparentes», insiste José David Urbaez. Et les batailles judiciaires se sont aussi invitées au cœur de la grande passion nationale, le football, avec une succession d’arrêts contradictoires autorisant ou non l’organisation de rencontres dans le cadre de compétitions locales ou internationales.

(afp/joc)