
Surprenante et inattendue. La nouvelle du décès du juge d’instruction du premier cabinet en l’occurrence le doyen des juges Samba Sall est tombée, ce jeudi, en fin de matinée. Ce dernier a rendu, l’âme, ce 8 avril, à l’hôpital principal de Dakar, des suites d’une maladie plongeant le monde judiciaire dans une consternation indescriptible. Selon des sources proches, il trainait depuis plus d’un an les séquelles d’un accident vasculaire cérébral (AVC)
UN BOY SALOUM
Né et grandi à Foundiougne, Samba Sall, jeune juriste pétri de compétences juridiques, avait un amour pour la robe noire. Il avait passé le concours du barreau qu’il a réussi avec brio. Il a démarre, ainsi, son stage au cabinet de feu Me Moustapha Diop. Une carrière prometteuse lui était tracée mais, avant même la fin de son stage, il s’inscrit au concours de l’Ecole nationale d’administration et de la magistrature avant de devenir juge d’instruction. Il est de la même promotion que le Procureur de la République, Serigne Bassirou Gueye.
Les secrétaires généraux des tribunaux de Ziguinchor, Kaolack, et Dakar sont également ses camarades de promotion. Il a servi dans un premier temps au tribunal de Ziguinchor avant de revenir à Dakar. Ici, il a commencé par le deuxième cabinet où il est resté longtemps. Il a été nommé doyen des juges d’instruction au tribunal hors classe de Dakar le 16 octobre 2015 et hérite donc le 1er cabinet.
L’HOMME DES GROS DOSSIERS
Si son nom est connu par la quasi-totalité des sénégalais, c’est grâce aux nombreux dossiers politico-judiciaires qui sont passés entre ses mains. De tous les juges d’instruction, il était le plus gradé et le plus ancien. Les plaintes avec constitution de partie civile sont déposées au niveau de son cabinet. A charge pour lui de les prendre ou de les imputer à un autre juge d’instruction. Il a été révélé par l’affaire Aida Ndiongue alors qu’il était encore, juge du deuxième Cabinet d’instruction.
C’est lui qui a scellé le sort du défunt chanteur Thione Seck en lui délivrant son billet pour la prison de Rebeuss. Le 7 mars 2017, c’est lui qui avait placé sous mandat de dépôt et transféré à la prison de Rebeuss Khalifa Sall avec cinq de ses collaborateurs. Il avait retenu contre lui, plusieurs chefs d’inculpation que sont : blanchiment de capitaux, escroquerie portant sur des fonds publics, détournement de deniers publics, complicité de faux et d’usages de faux en écriture de commerce, association de malfaiteurs et enfin complicité de faux dans des documents administratifs. C’est lui également qui avait scellé le sort de Imam Alioune Ndao. Ce dernier, accusé de terrorisme, a été acquitté par la Chambre criminelle, de la quasi-totalité des chefs d’inculpation pour lesquels il était poursuivi. En revanche, il a été reconnu coupable de détention d’armes et a été condamné à une peine d’un mois de prison avec sursis.
En outre, il a eu à gérer, entre autres, les dossiers d’Assane Diouf, de Boy Djiné. Le dernier dossier qu’il avait en charge c’est l’affaire opposant la masseuse Adji Sarr à Ousmane Sonko leader du Parti ¨Pastef, accusé de viols répétitifs et menaces de mort. Il a hérité de ce dossier après que le juge du 8e cabinet Mamadou Seck s’était désisté par convenance personnelle. Certains lui ont collé le sobriquet du juge des grands dossiers tandis que d’autres le prenaient comme le bras armé du régime en place pour liquider les adversaires politiques. « Il est temps que l’on se débarrasse des juges et procureurs qui pervertissent notre système judiciaire. Le procureur de la République doit démissionner. On doit l’enlever de ce poste. Le doyen des juges aussi pareillement et tous les magistrats qui ont toujours été à la solde du pouvoir exécutif et qui ont fait que l’Etat de droit a reculé », disait Ciré Clédor Ly, l’avocat de Ousmane Sonko.
Pour autant, le défunt doyen des juges est dépeint comme un homme d’une rare simplicité. Affable, poli et respectueux de ses pairs.
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