
Le complexe nucléaire de Natanz, dans le centre de l’Iran, a subi dimanche un nouvel «accident», qualifié d’acte de «terrorisme» par Téhéran, qui promet de poursuivre sur la voie d’un «développement éclatant» de l’énergie atomique.
L’Organisation iranienne de l’énergie atomique (OIEA) a d’abord annoncé dans la matinée une «panne de courant» – vite qualifiée de suspecte par un député conservateur – dans son usine d’enrichissement d’uranium du complexe Chahid Ahmadi-Rochan de Natanz, l’un des centres névralgiques du programme nucléaire de la République islamique.
C’est dans cette même usine qu’avaient été mises en service la veille de nouvelles cascades de centrifugeuses interdites par l’accord sur le nucléaire iranien de 2015.
Ni photo ni vidéo
Un communiqué du chef de l’OIEA Ali-Akbar Saléhi, diffusé par la télévision d’État, a annoncé en début de soirée que l’«accident» est en fait un acte de «terrorisme antinucléaire» mais sans fournir le moindre détail sur la nature exacte de cette attaque ni sur ses conséquences.
Les médias iraniens n’ont diffusé aucune photo ni vidéo du centre de Natanz après ce sabotage pour lequel le communiqué de Ali-Akbar Saléhi, qui qualifie l’attaque de «futile», n’incrimine aucun groupe ni État directement.
Faisant référence aux discussions en cours à Vienne pour tenter de faire revenir les États-Unis dans l’accord international sur le nucléaire iranien et de lever les sanctions imposées par Washington contre Téhéran, le chef de l’OIEA estime que l’action contre Natanz «reflète (…) l’échec des opposants (à ces) négociations».
Selon lui, elle relève aussi de «la défaite des opposants (à un) développement éclatant de l’industrie nucléaire» en Iran qui, promet-il, continuera de «poursuivre sérieusement (son) expansion» dans ce domaine.
Plus tôt, le porte-parole de l’OIEA avait déclaré à la télévision d’État qu’un «accident» d’origine inconnue «dans une partie du circuit électrique de l’usine d’enrichissement à Chahid-Ahmadi-Rochan» avait provoqué «une panne de courant». «Heureusement, nous n’avons eu ni mort, ni blessé, ni pollution. Il n’y a pas de problèmes particuliers», avait-il ajouté.
Résultat d’une «cyber-opération israélienne»
Rapidement, le député Malek Chariati, porte-parole de la Commission parlementaire de l’énergie, avait évoqué sur Twitter un incident «très suspect de sabotage ou d’infiltration». «On estime que le défaut dans le circuit électrique de Natanz (est) le résultat d’une cyber-opération israélienne», a tweeté Amichai Stein, un journaliste de la radiotélévision publique israélienne.
Début juillet 2020, une usine d’assemblage de centrifugeuses perfectionnées à Natanz avait été gravement endommagée par une mystérieuse explosion. Les autorités ont conclu à un «sabotage» d’origine «terroriste», mais n’ont pas encore fait connaître les résultats de leur enquête.
Le président Hassan Rohani a inauguré à distance samedi la nouvelle usine d’assemblage de centrifugeuses de Natanz, en même temps qu’il donnait l’ordre de mettre en service ou de tester trois nouvelles cascades de centrifugeuses.
Enrichir plus d’uranium et plus vite
Ces nouvelles centrifugeuses offrent à l’Iran la possibilité d’enrichir plus vite et en plus grande quantité de l’uranium, dans des volumes et à un degré de raffinement interdits par l’accord conclu en 2015 à Vienne entre la République islamique et la communauté internationale.
Téhéran a toujours nié vouloir se doter de la bombe atomique et le président Rohani a répété samedi que toutes les activités nucléaires de son pays étaient purement «pacifiques». Mais le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, qui voit dans la République islamique une menace existentielle contre son pays, accuse Téhéran de chercher à se doter en secret de l’arme atomique.
Le Premier ministre israélien est un ennemi de la première heure de l’accord de Vienne, dont il a toujours affirmé qu’il n’offrait pas de garanties de sécurité suffisantes pour Israël, où le secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin est arrivé dimanche pour discuter du dossier nucléaire iranien.