Construction à Dakar : 80% des bâtiments pas aux normes

 

Plus de la majorité des constructions ne respectent pas la réglementation. L’ins­pec­tion générale des Bâtiments parle de moins de 1/5 qui sont conformes à la réglementation, soit plus de 80% des bâtiments pas aux normes. Cette situation a été relevée hier, à l’issue d’une visite inopinée sur des chantiers à Dakar, par le ministre de l’Urba­nisme, du logement et de l’hygiène publique.

De 2016 à ce jour, l’Ins­pection générale des bâtiments (Igb) a fait 6 522 inspections. Mais le constat est effrayant. «Parmi les bâtiments inspectés, il y a moins de 1/5 qui respecte les normes», s’est désolé l’inspecteur général des Bâtiments. Boubacar Dagno­kho s’ex­pri­mait hier à l’issue d’une mission d’inspection du ministre de l’Urbanisme, du logement et de l’hygiène pu­blique sur certains chantiers à Dakar. La visite inopinée a consisté en une vérification de l’ensemble de la documentation qui doit renseigner sur la conformité et la légalité des futurs bâtiments.
Selon l’inspecteur général des Bâtiments Boubacar Dagnokho, pour faire un bâtiment légal et sécuriser son investissement, le propriétaire doit disposer de l’autorisation de construire et des documents techniques, notamment les plans de béton armé, les plans architectes et les études géotechniques, un bureau de contrôle s’il s’agit d’un bâtiment assez spécifique, mais aussi les assurances en cas d’accidents de travail. «Les plans archis doivent être faits par un architecte inscrit au tableau de l’Ordre des architectes du Sénégal», a expliqué Amadou Thiam, directeur général de la Construction et de l’habitat.
Aucun des cinq chantiers visités n’a été en règle, même si c’est à des niveaux différents. «Les documents de chantier ne sont pas dans les chantiers, en violation flagrante du Code de la construction. Même ceux qui les ont sur place, il y a beaucoup de documents qui manquent sur l’étude de sol, les contrats avec le bureau de contrôle… Certains ouvriers ne portent pas de casques», a pu constater Abdoulaye Saydou Sow, ministre de l’Urbanisme, à l’issue de la visite.
Les manquements identifiés, des convocations ont été distribuées aux maîtres d’ouvrages et des chantiers arrêtés. «Ils répondront à la convocation et présenteront les documents demandés», indique le ministre qui veut que ces genres de visites soient permanentes.

Des bâtiments menaçant ruine
En ce qui concerne les 172 bâtiments menaçant ruine à la Médina, l’Igb informe avoir inspecté certains d’entre eux et demandé aux autorités locales de prendre des actes de péril. L’inspection compte convier l’équipe technique de la mairie pour une séance de travail et étudier le problème en profondeur. «Si certains bâtiments doivent être démolis, ils le seront. Si un bâtiment peut être récupérer, réparer et que cela ne mette pas en danger la vie des personnes, on demandera au propriétaire d’entreprendre les travaux qu’il faut avec un bureau de contrôle de manière à sécuriser le bâtiment», a déclaré Boubacar Dagnokho.
Le ministre est convaincu qu’il y a un travail en profondeur à faire, qui doit être précédé d’un grand travail de sensibilisation, pour le respect de toutes les dispositions du Code de la construction, mais aussi trouver des mesures coercitives pour l’application de la loi. Pour le moment, l’Igb met l’accent sur la sensibilisation, mais elle n’exclut pas d’en arriver aux sanctions si, au fil du temps, les gens ne se conforment pas aux normes.
«Sur la sécurité des personnes, il n’y a pas à badiner. Il y a des mesures qui ont été confinées dans des textes. Il faudrait les faire appliquer. Nous sommes dans un processus de réforme de ces textes pour mieux les adapter à nos réalités. Une fois que ces réformes seront terminées, les lois votées à l’Assemblée nationale, les décrets d’application pris, nous serons dans une disposition de faire appliquer clairement les textes», menace le ministre Abdoulaye Saydou Sow.

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