
Le débat sur le fichier électoral refait surface avec un désaccord entre le pouvoir et l’opposition sur la date des locales. Les partis de l’opposition réunis au sein du Front national estiment que, techniquement les élections peuvent se tenir en décembre 2021. Là où la majorité les a prévues en janvier 2022. Le débat enfle de jour en jour. Un débat que Alioune Tine juge hallucinant puisqu’il n’avait pas sa raison d’être. « C’est totalement absurde par rapport aux défis auxquels nous sommes confrontés », déclare-t-il. Le premier défi c’est, d’après lui, la crise de la démocratie. Il relève, pour s’en émouvoir, qu’en Afrique, nous avons une véritable crise du suffrage universel.
La preuve, justifie-t-il : « Toutes les élections qu’on eues en Afrique de l’Ouest, les gens ne sont pas d’accord là-dessus. Et ce qui est grave, les présidents gagnent avec 80% au premier tour. C’est dire que nous sommes dans une crise extrêmement grave et le Sénégal doit réfléchir sur les pathologies de la démocratie. Il est très important, quand nous avons un calendrier électoral, de le respecter ».
« L’urgence, c’est une transition »
Très en verve, il met à nue les tares du Sénégal. « La première des pathologies de la démocratie sénégalaise, c’est le non-respect du calendrier électoral », condamne-t-il. Avant d’ajouter : « En réalité les institutions ont failli. Nous avons besoin, après cette crise, de travailler sur une bonne analyse, sur les leçons à tirer et, à partir de ce moment-là, d’avoir une transition pour refonder le Sénégal. Cette refondation permettra de régler cette crise. Nous avons un dialogue politique qui est en panne. Les causes profondes, c’est le système dans lequel nous sommes ». Selon l’invité du Jury du dimanche, « Nous sommes dans une logique de pousse-toi, que je m’y mette. Et quand cette logique qui est en panne et qui produit la violence et du non-sens, il faut s’asseoir et corriger cela. On a pratiquement les mêmes problèmes dans toutes les alternances. Cela veut dire qu’on tourne en rond. Il y a non seulement une absence de projet de société mais également absence de sens. Il faut qu’on soigne toutes les maladies. Pour moi, l’urgence, c’est une transition. Ça veut dire qu’on organise des assises, qu’on regarde ce qui ne va pas et qu’on essaie de soigner le Sénégal pour la durée. On est en train de s’enliser de plus en plus avec des questions de détails ».
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