Vaccins : Discordance de l’UE sur la levée des brevets à Porto

 

Les dirigeants européens sont arrivés vendredi en ordre dispersé au sommet de Porto, entre appels à la discussion et hostilité, face au soutien américain à la levée des brevets sur les vaccins anti-Covid. Sous l’impulsion surprise de l’administration Biden, le sujet s’est imposé au menu des chefs d’Etat et de gouvernement des 27, réunis vendredi et samedi au Portugal.

«Nous sommes prêts à discuter avec un esprit ouvert», a affirmé le Premier ministre belge Alexander De Croo, dont le pays – coeur de l’industrie pharmaceutique de l’UE – représente 70% des exportations européennes de vaccins anti-Covid. Jusqu’ici réticent, le président français Emmanuel Macron a lui répété être «ouvert» à l’idée, précisant à son arrivée à Porto que cela ne devait «pas tuer la rémunération de l’innovation».

«Nous, les Européens, nous battons pour que le vaccin soit un bien public mondial depuis maintenant un an, et je suis heureux qu’on nous suive», a-t-il affirmé, après avoir pourtant estimé à plusieurs reprises ces derniers mois que le «bon débat» ne devait pas d’abord porter sur la propriété intellectuelle mais sur «le transfert de technologie et la mobilisation des capacités de production». «Le don de doses (par les pays producteurs) reste la clef», a nuancé le président français, appelant par ailleurs les Etats-Unis et le Royaume-Uni à ne «pas bloquer» les exportations des vaccins produits sur leur sol.

Réserves

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, avait la première assuré jeudi que l’UE était «prête à discuter» d’une telle levée, s’il s’agit d’une solution «efficace et pragmatique».

D’autres Etats ont à l’inverse rapidement affiché des réserves, pointant les difficultés à mettre sur pied de nouveaux sites de production et préconisant plutôt de gonfler la production des usines existantes. De quoi augurer des difficultés à adopter une position commune lors de ce sommet informel à Porto, alors que les Etats-Unis entendent participer «activement» aux négociations à l’Organisation mondiale du commerce (OMC).

Pour l’Espagne, «la levée seule ne sera pas suffisante pour garantir l’accès (aux vaccins) des pays en développement. Cela peut prendre du temps pour l’approuver». Madrid appelle plutôt les laboratoires à «accélérer la cession volontaire des licences».

Quant à l’Allemagne, dont les laboratoires BioNTech et CureVac sont en pointe dans la conception de vaccins, elle affiche son opposition: «La protection de la propriété intellectuelle est la source de l’innovation et doit continuer à le rester», a mis en garde le gouvernement d’Angela Merkel. «Ce qui limite la fabrication des vaccins, ce sont les capacités de production et les exigences élevées de qualité, pas les brevets», a-t-il souligné.

(AFP)