
Ils ont «basculé du côté obscur de la force»: le procureur a fustigé vendredi l’ex-doyen de la faculté de droit de Montpellier et un ex-professeur, requérant jusqu’à un an de prison ferme contre les sept prévenus pour l’évacuation violente d’un amphithéâtre occupé en 2018.
Opération commando à la fac de Montpellier en 2018: la plupart des victimes quittent l'audience https://t.co/h7Id7YWce0 pic.twitter.com/YuX8tyRwfU
— L'Express (@LEXPRESS) May 20, 2021
«Ligne rouge franchie»
Ces «deux éminents juristes ont fait le choix conscient et déshonorant de basculer du côté obscur de la force» en faisant «intervenir des nervis dans une enceinte de faculté de droit», a tancé Fabrice Bélargent devant le tribunal correctionnel de Montpellier, évoquant l’ex-doyen Philippe Pétel, 61 ans, et l’ex-professeur de droit Jean-Luc Coronel, 53 ans.
A l’encontre de M. Pétel, qui a admis jeudi avoir «donné (son) aval» à l’expédition punitive destinée à évacuer étudiants et militants d’un amphithéâtre occupé pendant le mouvement contre la réforme de l’accès à l’université, le magistrat a requis 18 mois de prison avec sursis et cinq ans d’interdiction de toute fonction publique pour «avoir franchi la ligne rouge».
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Pour M. Coronel, poursuivi pour avoir fait partie de ce commando et qui s’est retranché derrière un «commandement» de son ex-supérieur pour se dédouaner, M. Bélargent a requis 10 mois de prison ferme éventuellement assortis d’une détention à domicile et cinq ans d’interdiction de la fonction publique. Révoqué administrativement et en état de récidive légale, M. Coronel fait partie des enseignants à l’école de Marion Maréchal à Lyon.
«Personne ne peut se substituer à l’Etat pour exercer des violences», a martelé le magistrat.
#Montpellier : Étudiants tabassés, l'ex-doyen Philippe Pétel mis en examen pour complicité d'intrusion et le professeur Jean-Luc Coronel de Boissezon mis en examen pour complicité d'intrusion et violences en récidive. Tous deux sont placés sous contrôle judiciaire #Blocus pic.twitter.com/cX7LC3auZh
— Nils Wilcke (@paul_denton) March 29, 2018
Une dizaine d’étudiants et militants qui occupaient un amphithéâtre de la faculté de droit avaient été blessés dans la nuit du 22 au 23 mars 2018 par un commando dont certains membres étaient cagoulés et armés de planches et d’un pistolet à impulsions électriques. Depuis jeudi, sept prévenus comparaissent pour violences volontaires en réunion et complicité. Dénonçant une justice «partiale», les victimes se sont désistées dès le début du procès.
En défense du doyen déchu, qui a formé des générations de juristes à Montpellier, Me Iris Christol, a dressé le portrait d’un enseignant «bienveillant, le contraire de la violence».
«Détestation de l’extrême gauche»
Elle a assuré que le président de l’Université de Montpellier avait «imposé» de mettre l’amphithéâtre le plus grand de la faculté à disposition pour une «réunion» syndicale, qui avait en réalité vite dégénéré en occupation de plusieurs centaines de personnes. M. Pétel se retrouve ensuite «seul» dans la soirée dans un contexte de «violences physiques», a-t-elle assuré.
«Au bout d’un moment, ces gens épuisés ont fini par se dire qu’il n’y avait plus que le recours à la force» avec pour objectif «de pousser dehors des gens qui venaient s’installer chez lui et tout détruire», a poursuivi Me Christol.
Soulignant que M. Pétel avait été après les faits traité de «nazi» et que sa famille et lui avaient subi «un déferlement» d’insultes, Me Christol, a demandé au tribunal de condamner l’ex-doyen mais «sans l’anéantir» en lui interdisant d’enseigner alors que c’est «toute sa vie».
La peine la plus lourde, un an de prison ferme, a été requise à l’encontre de Martial Roudier, 40 ans, fils du fondateur du groupuscule identitaire de la Ligue du Midi, qui était jugé en récidive et nie toute participation au coup de force.
Pour le procureur, «cinq éléments», notamment la téléphonie et les vidéos, doivent toutefois permettre de condamner celui qui était «le chef temporaire de ce groupe» dans l’amphithéâtre. L’avocate du militant identitaire a plaidé la relaxe.
Contre les trois autres «exécutants zélés» présumés, un ex-officier supérieur «en mal de sensations», un chômeur et un jouteur sétois, le procureur a réclamé quatre mois de prison ferme assortis d’une détention à domicile.
Enfin, le magistrat a requis un an de prison avec sursis contre la compagne du professeur Coronel, Patricia Margand, «élément central» de l’affaire et soupçonnée d’avoir recruté les hommes de main.
Pour le procureur, «le plus petit dénominateur commun» entre les sept prévenus, ayant tous sauf le doyen des liens avérés avec l’extrême droite, est «une détestation de l’extrême gauche».
Le jugement a été mis en délibéré au 2 juillet à 09H00.