Mbour – Ibrahima Camara, chef de la Subdivision maritime de la Douane : «Nous devons nous adapter aux méthodes des trafiquants»

 

 

La Brigade de la subdivision maritime de Mbour a effectué une saisie record de médicaments et une quantité importante de chanvre indien d’une valeur de plus de 700 millions de francs Cfa.

Le département de Mbour est-il devenu une plaque tournante de la drogue ? En tout cas, les prises effectuées cette semaine par la Subdivision de la Douane chargée de la surveillance de la mer et des cours d’eau attestent du commerce frauduleux, qui se déroule dans ce département. En 24h, deux grosses saisies ont été effectuées dans la zone. Elles arrachent le sourire au Lieutenant-colonel Ibrahima Camara, chef de la Subdivision maritime de la Douane : «Nous sommes ici pour vous présenter la saisie de chanvre indien et une saisie de médicaments effectuées par les douaniers. Avec l’autorisation de l’autorité, nous avons monté une opération, qui s’appelle Bouclage du littoral, pour surveiller tous les points de déchargement. C’est dans ce cadre-là que la brigade de Mbour a opéré en suivant ce qu’on appelle dans notre jargon, une livraison surveillée d’un débarquement qui a eu lieu à Warang.» Il déroule le film de l’opération : «nous avons suivi le véhicule jusqu’au marché de Thiaroye où nous avons découvert qu’une maison inhabitée servait de dépôt», détaille le lieutenant-colonel Ibrahima Camara.
Il a fallu procéder à une fouille de la maison. Ce qui a permis de saisir une énorme quantité de médicaments. «Ce sont de faux médicaments et du chanvre indien. Le chanvre indien, ce sont 370 kg estimés à plus de 30 millions. Les médicaments sont estimés par un pharmacien qui est venu pour expliquer les différents types de produits. Donc ces faux médicaments, selon le pharmacien, sont évalués à 518 millions», précise le lieutenant-colonel.

Aujourd’hui, deux personnes ont été arrêtées. Alors que le propriétaire est en fuite même s’il a été identifié. «Ils n’ont pas voulu se présenter mais puisque l’enquête est en cours, nous allons bientôt la boucler», poursuit le Gabelou. De plus en plus, l’Administration de la Douane doit s’adapter pour mettre hors d’état de nuire les délinquants. «Avec le développement des téléphones portables, les trafiquants ont une arme supplémentaire parce qu’on doit constater que toute surface, tout point du littoral peut être un lieu de débarquement. Nous devons être vigilants en s’adaptant aux méthodes des trafiquants parce que les bateaux viennent en mer et par de petites embarcations, ils débarquent le produit. Ces embarcations viennent par petite quantité pour multiplier les points de débarquement. La surveillance en mer est tellement importante que nous avons une nouvelle loi qui va multiplier les surveillances parce que nous allons créer deux subdivisions maritimes : une pour le nord et une autre pour le sud avec une Direction régionale qui va les coiffer», annonce le chef de la Subdi­vision maritime de la Douane.
En attendant, les pharmaciens continuent à faire face aux menaces qui pèsent sur leur profession. Dr Birahim Dia, membre du Syndicat des pharmaciens privés du Sénégal, qui a fait l’inventaire des produits saisis, est sans voix : «l’importance de la saisie relève de la valeur des médicaments qui sont évalués à près d’un demi-milliard de francs Cfa. Pour ce qui est des médicaments, il y a plusieurs types de familles thérapeutiques notamment des antibiotiques, des orexygenes (médicaments qui donnent de l’appétit) que les femmes utilisent pour la prise pondérale, des associations d’antalgiques et d’anti-inflammatoires. Ce sont des faux médicaments parce qu’on ne connaît pas la provenance et on ne peut pas certifier la qualité. Il y a aussi que la conservation a été très mal faite : ce sont des produits qui ont été emballés de manière pas commode et qui ont été transportés et stockés de la mauvaise manière», déplore le pharmacien.

Il ajoute : «Le problème est qu’il faut en faire les analyses pour savoir si le produit est conforme à ce qui est annoncé. Plus grave, on retrouve du sérum antitétanique dont on a marqué sur les boîtes à conserver entre 2 et 8 degrés. Des conditions de conservation qui ne sont pas respectées.»
Par Alioune Badara CISS (Correspondant)
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