Affaire «Air Cocaïne»: Un acteur clé change de version et dédouane les pilotes

 

 

Un acteur clé de l’affaire «Air Cocaïne», avec ses valises remplies de 680 kilos de poudre blanche chargées dans un jet à Punta Cana (République Dominicaine), a radicalement changé sa version des faits vendredi, dédouanant les pilotes de l’avion lors du procès en appel qui se tient en France.

Ils «se sont fait bananer»

Franck Colin, condamné en première instance et témoin au procès en appel, est apparu en visioconférence à la cour d’assises d’appel des Bouches-du-Rhône (sud) depuis sa prison où il purge une peine de 12 ans de réclusion criminelle.

Condamné en première instance pour avoir été la cheville ouvrière d’un trafic de drogue transatlantique en jet privé, il n’avait pas fait appel.

«Durant l’instruction, chacun a tenté de minimiser son rôle», a-t-il attaqué vendredi, affirmant souhaiter «rétablir les choses».

Les pilotes? Ils «se sont fait bananer». Ali Bouchareb, le commanditaire présumé? «Vous l’avez condamné à 18 ans alors qu’il n’a rien fait». Les gérants de la société d’aviation d’affaires? Le premier, Franck Colin n’en a «jamais entendu parler», le second, il l’a «vu une ou deux fois» et n’a «jamais parlé de stupéfiant devant lui».

Les accusés qui comparaissent en appel sont soupçonnés d’avoir, à des degrés divers, participé à la mise en place d’un système d’importation de cocaïne par avion d’affaires, jusqu’à l’arrestation sur le tarmac de Punta Cana en 2013 des deux pilotes et de deux passagers, au pied d’un Falcon chargé de près de 700 kilos de poudre blanche répartis dans 26 valises.

«On en apprend des choses»

«On en apprend des choses en deuxième instance», a lancé la présidente Annick Corona, en haussant les épaules.

Enfant des quartiers populaires de Toulon qui a gravi les échelons dans la sécurité rapprochée de personnalités, Franck Colin vivait confortablement en Roumanie au moment des faits et était, selon l’accusation, à «l’épicentre» de l’affaire.

«Vous êtes passionnant», «inattendu», a ironisé de son côté l’avocat général (accusation), Pierre Cortes, avouant «avoir un peu de mal» avec la situation.

Même les avocats de la défense ont fait part de leurs doutes sur sa crédibilité: «Dire que vous avez souvent varié (ndlr: dans ses versions), c’est un euphémisme», a lancé Flora Gavuzzo, avocate de Michel Ristic, soupçonné d’être un «employé» du commanditaire.

«Comment on fait le tri entre ce qui est vrai ou pas?», a renchéri Me Ménya Arab Tigrine, avocate d’Ali Bouchareb.

Le procès en appel doit durer jusqu’au 9 juillet. Les six accusés encourent 30 ans de réclusion criminelle.

(AFPE)