Inondations en Europe: Angela Merkel découvre une dévastation «surréaliste»

 

 

La chancelière, chaussures de randonnée aux pieds, a pris près d’une heure pour arpenter le village de Schuld, non loin de Bonn, où la rivière Ahr s’est transformée en furie et a détruit une partie de la localité. Cette zone de Rhénanie-Palatinat, dans le sud-ouest de l’Allemagne, est l’une des régions les plus touchées et déplore la perte de 112 personnes, sur un total de 160 dans le pays. En Belgique, un nouveau bilan de 31 morts a été établi dimanche soir par les autorités.

Manifestant son émotion à plusieurs reprises, Angela Merkel a échangé avec des habitants qui ont tout perdu, prenant la pleine mesure de la plus grande catastrophe naturelle de l’histoire récente de l’Allemagne. La chancelière se trouvait en visite à Washington au moment des crues meurtrières, dans la nuit de mercredi à jeudi.

«La langue allemande a du mal à trouver les mots pour décrire la dévastation qui a été causée», a confié Angela Merkel. Tenant fermement la main de la dirigeante régionale Malu Dreyer, handicapée par la sclérose en plaques, la chancelière s’est laissé guider de ponts effondrés en maisons éventrées, longeant des montagnes de débris boueux.

Elle a promis que «le gouvernement fédéral et les régions agiront ensemble pour remettre progressivement de l’ordre» dans les zones sinistrées.

Dès mercredi, une aide d’urgence d’au moins 300 millions d’euros sera présentée en Conseil des ministres, avant un vaste programme de reconstruction de plusieurs milliards d’euros, selon le ministre des Finances, Olaf Scholz.

Alerte défaillante?

Sous le soleil revenu dans l’ouest de l’Allemagne, des dizaines de milliers de personnes – bénévoles et professionnels – sont engagées dans des travaux colossaux de déblaiement et de nettoyage. Les réparations de bâtiments, routes, voies ferrées, conduites d’eau ou d’électricité prendront des mois.

L’Allemagne reste sur le qui-vive en raison de nouvelles crues, au sud et l’est. Elles ont fait un mort en Bavière depuis samedi soir. Un «plan catastrophe» a été décrété dans le district alpin de Berchtesgaden et plusieurs centaines de pompiers sont déployées.

Les secouristes continuent de rechercher des disparus au moyen d’hélicoptères, de bateaux et de plongeurs spécialisés. «C’est allé très vite, l’eau est montée à 1,60 mètre. Il y avait des corps dans la rue», a confié à l’AFPTV une habitante de Bad Honnef (Rhénanie-du-Nord-Westphalie).

Plus de 300 personnes étaient encore manquantes samedi soir rien que dans le canton entourant la ville de Bonn, qui compte près de 600’000 habitants.

Le responsable de l’Association allemande des villes et des communes, Gerd Landsberg, a appelé dimanche à moderniser les systèmes d’alerte locaux, se désolant que la population ait eu «l’impression qu’il s’agissait de grosses pluies» dont «l’ampleur n’a pas été communiquée» assez clairement.

Terrible bilan après les pluies diluviennes

Gaffe

À un peu plus de deux mois des élections législatives, à l’issue desquelles Angela Merkel quittera le pouvoir, le climat va s’imposer comme un thème central de la campagne. Le réchauffement a été mis en cause autant par les experts que par des responsables politiques.

Angela Merkel a, elle aussi, appelé dimanche à faire un «très grand effort» pour accélérer les politiques climatiques.

Le favori pour succéder à la chancelière, le conservateur Armin Laschet, a lui commis un faux pas, samedi, en étant filmé hilare lors d’un hommage du chef de l’État aux victimes des crues.

Devant l’indignation nationale, Armin Laschet, également dirigeant de la région de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, a présenté ses excuses.

Sa bévue continuait de faire polémique dimanche, alors que des milliers de bénévoles collectent des dons, distribuent des vivres, aident à dégager des meubles, des appareils hors d’usage, des souvenirs, dans des maisons maculées de boue.

(AFP)