
La remise en liberté sous caution d’un enfant, qui avait été arrêté pour des accusations de blasphème, a déclenché l’incident.
Un temple hindou a été vandalisé par des dizaines de musulmans dans le centre du Pakistan, un pays où les violences à l’égard des minorités religieuses sont courantes, a annoncé jeudi la police locale. Ce temple, situé à Rahim Yar Khan, dans la province du Pendjab, a été attaqué mercredi après-midi, en réaction à des accusations de blasphème retenues à l’encontre d’un enfant de confession hindouiste. «Quelque 70 à 80 manifestants ont attaqué le temple et détruit les vitres», a déclaré Ahmed Nawaz, le porte-parole de la police du district.
La remise en liberté sous caution de l’enfant, qui avait été arrêté pour des accusations de blasphème, a déclenché l’incident, a-t-il expliqué. Des vidéos circulant sur les réseaux sociaux montrent un groupe d’hommes saccageant le temple à coups de barres de fer. «Il n’y a pas trop de dégâts. Le bâtiment a été partiellement endommagé», a indiqué Riasat Ali, un responsable administratif local, selon qui les forces de sécurité ont été déployées sur place pour protéger les membres de la communauté hindoue locale.
Peine de mort pour blasphème
Les discriminations à l’encontre des minorités religieuses sont habituelles au Pakistan, où les musulmans représentent 97% de la population et les hindous à peine 2%. Plusieurs attaques contre des lieux de culte hindous ont été recensées ces dernières années au Pakistan. L’an passé, plusieurs centaines de personnes avaient incendié un temple hindou dans le nord-ouest du pays. La question du blasphème est incendiaire au Pakistan, où elle transcende les frontières entre partis et où même des allégations non prouvées d’offense à l’islam peuvent entraîner assassinats et lynchages.
La loi pakistanaise, farouchement défendue par les partis islamistes, prévoit la peine capitale pour quiconque est reconnu coupable d’avoir insulté l’islam ou le Prophète. Mais les opposants à cette loi lui reprochent d’être instrumentalisée pour régler des conflits personnels ou attenter aux droits des minorités religieuses. En fin d’année dernière, les Etats-Unis ont placé le Pakistan sur une liste de pays «particulièrement préoccupants» en ce qui concerne les violations de la liberté de religion.