Intégration des Balkans occidentaux: l’UE encourage sans s’engager

 

Réunis en Slovénie, les dirigeants de l’Union européenne ont réaffirmé leur soutien à une intégration des Balkans occidentaux, sans toutefois avancer de date.

Les Balkans occidentaux, c’est l’Europe. Tel est le message qu’ont souhaité faire passer les dirigeants européens à l’issue de leur sommet à Brdo. « Nous vous voulons dans l’UE, gardez le cap, n’abandonnez pas », a affirmé la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, aux six candidats (Albanie, Bosnie, Serbie, Monténégro, Macédoine du Nord et Kosovo).

Mais si la déclaration finale du sommet note « l’intérêt stratégique mutuel » à s’unir, elle souligne aussi la nécessité pour l’UE, confrontée à des conflits récurrents sur l’État de droit avec la Pologne ou la Hongrie, d’« approfondir son propre développement ». Et ce afin de « pouvoir intégrer de nouveaux membres ».

Pas de date butoir

Dans ce contexte, les Vingt-Sept ont refusé de soutenir la proposition de la présidence semestrielle slovène de fixer une date limite d’adhésion, à savoir 2030. « Je ne crois pas à un délai qui ne ferait que nous mettre sous pression, que les conditions soient remplies ou non », a expliqué la chancelière allemande Angela Merkel en conférence de presse.

Car si des progrès ont été constatés ces dernières années, les dirigeants européens considèrent que des efforts restent à fournir dans des domaines clés comme la justice, la lutte contre la corruption et le crime organisé, la liberté de la presse et des réformes économiques.

La fondation Bertelsmann, qui met en exergue une situation économique toujours « déplorable », rappelle que le PIB par habitant des six pays représente « entre 20 et 40% de celui des Allemands ».

Reste aussi à régler les conflits entre les différents candidats, entrave majeure au processus d’intégration qui se situe à des stades divers selon les pays. La Bulgarie met en avant un différend historique avec la Macédoine du Nord pour défendre son veto au démarrage des pourparlers. Les relations sont également tendues entre le Kosovo et la Serbie, qui n’a jamais reconnu l’indépendance de son ancienne province en majorité peuplée d’Albanais.

La Chine et la Russie en embuscade

Dans leur candidature à l’adhésion, les six pays bénéficient certes du soutien actif de l’Autriche, de la Hongrie ou de la Slovénie, qui assure actuellement la présidence tournante de l’UE. Mais les réticences des autres États membres sont trop fortes, notamment de la France ou du Danemark. Certains redoutent un afflux migratoire, d’autres blâment des réformes trop timides.

Face à ce blocage, la Russie et la Chine avancent leurs pions dans cette région stratégique. Elles y ont envoyé des millions de doses de vaccin pour l’aider à lutter contre la pandémie provoquée par le coronavirus. Moscou entretient des liens profonds avec les pays où la religion orthodoxe est prédominante comme la Serbie. Et Pékin a consenti d’importants prêts, dont un milliard de dollars pour une route que le Monténégro peine à rembourser.

En réponse, l’UE, le premier bailleur de fonds dans la zone, a mis en avant un paquet économique qui, selon elle, pourrait apporter une aide « sans précédent » d’un montant de 30 milliards d’euros sur sept ans. Elle envisage aussi des rapprochements « tangibles », notamment en mettant fin aux frais d’itinérance téléphonique.

RFI Avec AFP