
Pris au piège par des réseaux de trafic d’êtres humains, beaucoup de migrants ont du mal à retrouver une vie normale. C’est à Kédougou que ces centaines de filles et de garçons, issus pays de la sous-région et qui étaient contraints à la prostitution, aux travaux forcés dans les sites d’orpaillage (recherche et exploitation artisanale de l’or dans les rivières aurifères) se sont réfugiés.
Issues de familles pauvres, plusieurs filles, originaires de la sous-région, sont attirées dans les sites d’orpaillage de Kédougou par un réseau de trafic de migrants. Plus de deux mille filles et de jeunes garçons sont pris au piège du système, contraints d’exécuter des contrats de prestation sexuelle et de travaux forcés dans les différents sites d’orpaillage clandestins de Kédougou, a rapporté « Le Quotidien ». Ils sont originaires du Nigeria, Burkina Faso, Mali et d’autres pays de l’Afrique.
Parmi les rescapés Bright, victime de violences sexuelles et de traite de personnes, au Centre d’accueil et de réinsertion sociale de l’antenne locale de l’Ong La Lumière, a affirmé garder les stigmates de cette souffrance imposée sur sa peau dépigmentée. « Nous ne nous prostituons pas parce que nous sommes de mœurs légères. On nous a traînés ici parce que nos parents ont signé un accord avec les trafiquants. Les trafiquants nous ont promis de nous amener en Europe, contre le paiement d’une dette accordée à nos familles ».
Poursuivant, elle a révélé que « lors du recrutement, il est tenu des rituels pour nous protéger et nous garder sous contrôle. C’est certes des accords verbaux, mais qui se font souvent en présence d’un prêtre local, près d’un édifice sacré ou dans un cimetière.»
Sur les sites d’orpaillage, les ressortissantes nigérianes sont les plus grandes victimes de cette traite d’êtres humains, a rapporté le journal. Gives, âgée de 18 ans, a été contrainte de se prostituer par un réseau de mafieux pendant plus de 10 mois. Elle a été sauvée par M. Francis, président des Nigérians au Sénégal. « C’est un gars qui m’a amenée à Kédougou. Il m’a dit qu’il va m’amener en Europe pour avoir un travail, et que je devais lui donner un million. Quand je suis arrivée au Sénégal, il m’a mis en rapport avec une Sénégalaise. Elle m’a dit que je vais faire le travail de prostitution par force. Et la Sénégalaise m’a dit que ce n’est plus un million que tu vas payer, mais deux millions Cfa. Elle m’a forcée pendant des mois à le faire, de manière clandestine, et je lui ai versé pendant quelque temps de l’argent. À chaque fois, elle me menaçait pour me dire qu’elle est une grande personnalité au Sénégal. J’ai attendu qu’elle voyage à Diourbel pour pouvoir m’enfuir de Sansamba. Je veux retourner au Nigeria », a confié Gives, qui veut reprendre le cours de la vie qu’elle avait laissée à Lagos.
La bande très organisée et dirigée par « deux femmes », avait réussi à développer un vaste réseau de trafic et traite de personnes entre le Nigeria et le Sénégal, via le Mali. Avec ses ramifications dans ces différents pays, ce réseau est toujours parvenu à convaincre de nombreuses filles, candidates à l’émigration, à les rejoindre sur ces sites d’orpaillage.
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