Gouvernance sanitaire : « ELLE NE DOIT PAS ÊTRE TROP ÉLITISTE DANS UN PAYS PAUVRE SURENDETTÉ »

 

La polyclinique de l’HPD, Un hôpital de niveau 4, 5 étoiles (nous dit on, j’attends vraiment la définition). Un oasis dans un désert médical. Investir 60 milliards de francs Cfa dans un existant fonctionnel au moment où des villes comme Rufisque, Guédiawaye, les P.A sont de véritables déserts médicaux, constitue un véritable problème de gouvernance du système sanitaire. Sous le seul prétexte de lutter contre les évacuations sanitaires nous dit-on. Est-ce que les privilégiés qu’on doit évacuer si nécessaire, ont plus de dignité que les autres sénégalais, leurs vies ont-ils plus de valeurs ? Comment ont-ils vécu avant d’atteindre ses privilèges ?

Investir 60 milliards pour 100 lits sur une superficie d’à peine 2000 m2 équivaut en termes de ratio à 600 millions de francs Cfa par lit et le coût au mètre carré est à plus de 4 millions (exactement 4.195.800). Ceci fait que cette polyclinique est plus chère en terme de ration que l’hôpital européen Georges Pompidou de Paris (de classe mondiale et d’une prise en charge médicale à haute valeur ajoutée) qui est construit sur une superficie nette de 125.000 mètres carrés comptant 831 lits et a coûté 199 millions d’euro avec un prix au m2 égale à 1.042.760 millions de francs Cfa (1582€).

Cette polyclinique est la plus chère (ou l’une des plus chères) au monde. Quatre fois plus chère (au m2) que le prestigieux Georges Pompidou qui est 40 fois plus grand.
Il était plus judicieux et équitable de renforcer l’existant technique, d’améliorer les capacités humaines et de rénover la structure (si besoin) avec un coût encadré et graduel de l’hôpital Principal et orienter l’investissement vers la construction d’unités hospitalières performantes (a l’image de l’hôpital de Pikine qui a coûté moins de 8 milliards de francs Cfa) vers ces déserts médicaux surpeuplés que sont Rufisque, Guédiawaye, les Parcelles assainies, Keur Massar …. À la limite, accélérer la rénovation de l’hôpital Le Dantec dont le coût est estimé à moins de 89 milliards de francs Cfa pour 726 lits, 18 services modulaires, 32 blocs opératoires qui s’étend sur 6 hectares avec un coût au mètre carré égale à 1.375.098 francs Cfa encore beaucoup moins cher et certainement plus accessible pour le reste des sénégalais.

La gouvernance sanitaire d’un pays pauvre surendetté ne doit pas être trop élitiste mais doit être populaire et transversale garantissant une souveraineté sanitaire et une démocratisation de l’accès aux soins.

Dr Serigne Falilou SAMB
Membre de l’ordre des médecins