Manifestations au Mali contre les sanctions de la CEDEAO : Assimi Goïta jauge sa popularité…

 

La Conférence des chefs d’État et de gouvernement tenue dimanche dernier à Accra a prononcé des sanctions contre le Mali. Les dirigeants ouest-africains ont décidé de la fermeture des frontières des pays membres avec le Mali dont les avoirs au sein de l’UEMOA ont été également gelés. Le pays ne pourra plus bénéficier des appuis des banques affiliées à l’union monétaire.

En réponse, les autorités transitoires maliennes ont appliqué la réciprocité en fermant leurs frontières terrestres et aériennes à tous les pays de la CEDEAO, à l’exception de la Guinée Conakry. Mais cette réplique ne suffit pas à la junte qui a appelé les maliens à manifester leur désaccord avec ces mesures restrictives contre leur pays par l’organisation ouest-africaine.

Le Colonel Assimi Goïta vise à travers ces rassemblements qui se tiennent sur l’étendue du territoire malien, jauger sa popularité. L’homme fort de Bamako qui est au pouvoir depuis l’éviction de Bah N’daw et de son Premier ministre Moctar Ouane n’a pas connu de répit.

Au bras de fer avec l’allié français sur la question du retrait de Barkhane et de l’arrivée de mercenaires russes de Wagner, l’ancien patron des forces spéciales maliennes dans le centre du Mali doit ajouter l’opposition d’une bonne partie des formations politiques à sa volonté de proroger la transition de quelques années.

Un nouveau front s’est ouvert avec la CEDEAO qui exige le respect du calendrier électoral défini par le premier gouvernement, à savoir l’organisation de la présidentielle et des législatives au 27 février 2022. Un calendrier rendu caduc par les conclusions des Assises nationales de la Refondation de décembre dernier qui ont proposé une transition de 6 mois à 5 ans. Mis sous pression par la CEDEAO, Bamako a présenté un chronogramme étalé sur 5 ans, avec une présidentielle en…2026. Dès lors, s’est installé un dialogue de sourds entre les deux parties. La suite est connue de tous.

Les manifestations de ce vendredi ne sont donc que la suite logique de ce conflit dont les conséquences sur la population malienne risquent d’être catastrophiques.

Avec le gel de ses avoirs par l’UEMOA, le Mali se dirige vers une asphyxie financière qui sera d’autant plus difficile à supporter que le pays est déjà confronté à une crise sécuritaire dont il ne peut se sortir depuis plus de dix ans.

Dans ce contexte on ne peut plus difficile, enrôler le peuple malien est un défi immense pour la junte qui a mis les petits plats sur les grands pour la réussite de l’exercice de ce vendredi.

À Bamako, le rassemblement est prévu à la place de l’Indépendance et enregistrera la participation des ministres du gouvernement de Choguel Maïga. Ce dernier, selon le programme lu à Dakaractu, devrait prononcer le discours de clôture.

dakaractu /