Serigne Babacar Sy Mansour à Macky: « IL FAUT ACCEPTER LES CONTRADICTIONS »

 

Le président de la République a été l’hôte du khalife général des tidianes, samedi, en marge de la pose de la première du nouvel hôpital de Tivaouane. Serigne Babacar Sy Mansour lui a demandé d’accepter les contradictions et d’éviter d’être au même niveau que ses adversaires. Macky Sall en a profité pour rappeler qu’il n’a jamais dit que les marabouts sont de simples citoyens.

Le Sénégal fait face à une crise pré-électorale qui se manifeste par des déclarations et des faits entre pouvoir et opposition. Chaque camp est déterminé, le rapport de forces a déjà provoqué la mort de 3 jeunes entre Dakar, Bignona et Ziguinchor. La société civile et les religieux tentent de calmer la tension ; mais, jusqu’ici, ils n’ont été que peu écoutés.

C’est dans ce contexte qu’intervient la visite du chef de l’Etat à Tivaouane, samedi, pour la pose de la première pierre du nouvel hôpital de niveau 3. Mais aussi les activités relatives au centenaire de Seydi El Hadj Malick Sy. Occasion pour Macky Sall de voir le khalife général des tidianes. La tension politique ne pouvait échapper à l’ordre du jour. « Si vous voulez aller de l’avant, vous ne pouvez empêcher des adversaires de déverser leur bile sur vous. Donc, il faut accepter ses contradictions, et cela fait partie de la patience, une des qualités humaines récompensée par Dieu. Quel que soit ce qui se passe, ne répondez pas. Regardez bien celui qui parle. Mais rappelez-vous aussi qui vous êtes. Mais lorsqu’un président se met à répondre à tous, c’est qu’il n’en a plus l’étoffe. Il ne faut pas suivre les gens qui vous entraînent dans des voies sans issue. Nous sommes dans un pays où chacun est libre d’exprimer son opinion, sa passion. Ici, beaucoup sont libres de dire leur opinion. »

C’est dire que le khalife général des tidianes est préoccupé par la situation. Et il semble indiquer que la solution est entre les mains du président de la République. Les hochements de tête affirmatifs de Macky Sall vont-ils conduire à apaiser le climat politique.

Séance de clarification
« Serigne Babacar Sy Mansour m’a soutenu alors qu’il n’était pas encore khalife général, et que je n’étais pas moi non plus président de la République. A l’époque, on me cherchait des poux. J’avais fait une déclaration qui avait été détournée et déformée par des adversaires politiciens. On m’accusait d’avoir dit que les marabouts sont de simples politiciens. Dieu sait que je ne l’ai jamais dit. J’avais dit plutôt que les religieux sont des citoyens. Etre citoyen, n’est-ce pas faire partie de ce pays ? Alors, certains se demandaient si je devais me rendre à Tivaouane ou non.

C’est Serigne Babacar Sy qui m’a dit de venir. En homme véridique, il avait pris la parole ce jour-là pour dire : ‘’Si nous ne sommes pas des citoyens, qui sommes-nous alors ?’’ C’est ainsi qu’il a pu éteindre cette polémique. » Beaucoup se demanderaient pourquoi le président Macky Sall a rappelé cette vieille polémique, rangée d’ailleurs aux oubliettes depuis ses premières années au pouvoir. Dans l’entre-deux tours de la Présidentielle de 2012, la communication du Directoire de campagne du candidat Abdoulaye Wade, dos au mur, avait sauté sur cette petite phrase. Les « fabricants » d’opinions ont alors tenté de détourner les propos pour mettre en mal leur adversaire si près du but.

Il est vrai qu’il en avait souffert au début avec une campagne de dénigrement. Mais s’il revient sur cette affaire, c’est parce qu’il semble convaincu que, quelque part, il n’a toujours pas été compris. Mais surtout, c’est parce que les délateurs ne le lâchent pas. Même pas sur la question de l’homosexualité et cette exigence de sa criminalisation. Ce qu’il semble avoir dit d’ailleurs au sortir des élections locales du 23 janvier dernier. Lorsqu’il a reçu les imams et oulémas au Palais, il a fait un long discours aux relents de réponse à une demande d’explication sur le sujet. Lui, est convaincu que cette campagne de And samm jikkoyi a été une des causes de sa défaite à Dakar. Et alors qu’approchent les Législatives du 31 juillet, le chef de l’Etat et chef de Benno bokk yaakaar veut réitérer toute sa considération et son estime aux religieux. Comme si le programme des infrastructures religieuses n’a pas suffi.

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