Fermeture de l’Hôpital Le Dantec: LE DÉBUT DE LA RENAISSANCE A-T-IL SONNÉ ?

 

Après plus d’une centaine d’années au service du système sanitaire sénégalais et ouest-africain, l’hôpital Aristide Le Dantec de Dakar, un établissement sanitaire de référence ferme ses portes ce lundi 15 août 2022. Du moins temporairement. À l’exception des deux services que sont la chimiothérapie et la néphrologie qui vont continuer à assurer le service pendant quelques temps, vue leur sensibilité, tous les autres sont transférés dans les autres hôpitaux et centres de santé de la région de Dakar, suivant une clé de répartition dressée par le ministère de la Santé. Il s’agit d’une décision prise par l’Etat du Sénégal afin de réhabiliter la structure jugée vétuste, et d’en faire un hub médical en Afrique de l’Ouest.

Établissement public de santé et centre de formation pour le personnel médical et paramédical sénégalais et africain, l’hôpital Le Dante avait une capacité et un effectif à nul autre pareil au Sénégal. Crée en 1912, le centre hospitalier national Aristide Le Dantec était appelé l’hôpital central en raison du rôle et de la place privilégiée qu’il occupait au niveau du Cap-Vert (actuelle région de Dakar). L’hôpital Aristide le Dantec possède le plus grand potentiel de ressources humaines sur le plan médical de toute l’Afrique de l’Ouest et du Centre.

Pour se singulariser par rapport à « l’hôpital colonial » (actuel Hôpital Principal) qui avait une vocation militaire et qui continue de l’être, les autochtones, à la place de l’hôpital central, ont préféré le nom de l’hôpital Indigène. L’offre de production de service était composée de 400 lits et de 104 agents toute catégorie confondue. Aujourd’hui la capacité en termes de lits dépasse le millier et le personnel se compte aussi en mille. Les examens d’analyses de laboratoires s’exerçaient à l’Institut Pasteur de Dakar. Les services de soins étaient très sollicités par les usagers déshérités qui venaient de partout.

Pour immortaliser le médecin major de 2e classe de troupes coloniales, le centre de référence portera en 1956 le nom de l’hôpital Aristide Le Dantec. Cet établissement comprenait 10 services médicaux avec des spécialités médicales.
Tout pour dire que malgré sa position géographique assez excentrée par rapport à la grande masse, elle est restée jusqu’à ce jour l’hôpital de la grande majorité des Sénégalais, c’est-à-dire celles qui n’a pas toujours accès à des hôpitaux comme Principal ou d’autres établissement de référence dont les prestations sont considérées comme hors de portée.

En témoigne la réaction à travers les réseaux d’un citoyen guinéen qui a eu à y faire interner un parent. « Je suis Guinéen et j’apprécie beaucoup l’hôpital Aristide le Dantec où mon oncle a été admis en 2006. Oh ! quel bon traitement il a reçu avec le personnel de cet hôpital, particulièrement avec son médecin traitant Docteur Issouf Konate que j’ai beaucoup admiré et dont je n’ai plus son contact. S’il vous plaît aidez-moi à avoir le contact de ce vaillant médecin, Dr Issouf Konate », réagit-il.

Aujourd’hui, face à l’état de vétusté de la structure et sa configuration qui n’est plus en phase avec les nouvelles réalités médicales, sa reconstruction s’impose. Mieux, elle reste une forte revendication aussi bien du personnel médical que des populations. “La seule solution reste la reconstruction de l’hôpital centenaire, sur son site actuel’’, soulignait le professeur Madieng Dieng, lors d’une rencontre avec la presse.

Ainsi, en conseil des ministres du mercredi 20 avril, le président Macky Sall semble avoir entendu leurs doléances puisqu’il a décidé de fournir une cure de jouvence à cet hôpital ‘’sur son site actuel’’. Les travaux vont démarrer dans moins de 5 mois, alors que certains observateurs plaidaient pour un déplacement du projet sur un autre site dans le but de permettre à l’Etat de se procurer des moyens de financement plus larges.

Aujourd’hui, si le débat autour de la fermeture temporelle de l’hôpital soulève tant de bruit, c’est moins sur la pertinence du projet de reconstruction que sur le timing d’exécution et le process utilisé pour le transfert des services et des patients. Vivement l’Hôpital Aristides Le Dantec new-look.

emedia.sn /