Les autorités iraniennes haussent le ton contre les manifestants

 

Le chef du pouvoir judiciaire iranien a menacé ce dimanche de ne faire preuve d’« aucune indulgence » vis-à-vis des manifestants. La veille, le président Raïssi a appelé les forces de l’ordre à agir « fermement ».

Après neuf jours de protestations dans tout le pays qui ont déjà officiellement coûté la vie à 41 personnes, les autorités iraniennes haussent le ton à l’encontre des manifestants. Le site web Mizan Online rapporte ainsi que le chef du pouvoir judiciaire, Gholamhossein Mohseni Ejei, a insisté sur « la nécessité d’agir sans aucune indulgence » envers les instigateurs des « émeutes ».

Samedi, le président Ebrahim Raïssi a quant à lui appelé les forces de l’ordre à agir « fermement contre ceux qui portent atteinte à la sécurité et la paix du pays et du peuple », qualifiant lui aussi ces protestations « d’émeutes ». Alors que plus de 700 personnes ont déjà été arrêtées depuis le début des manifestations, le ministre iranien de l’Intérieur Ahmad Vahidi a appelé à poursuivre en justice « les principaux auteurs et meneurs des émeutes. »

Les ambassadeurs britannique et norvégien convoqués

Les autorités, qui accusent depuis le début les protestataires d’être à la solde de l’étranger, ont par ailleurs convoqué ce dimanche les ambassadeurs du Royaume-Uni et de Norvège. Le ministère des Affaires étrangères a protesté auprès de l’ambassadeur britannique contre les actes « d’incitation à des émeutes et à la propagation de troubles » par des chaînes de télévision basées à Londres. L’ambassadeur de Norvège a lui été convoqué à la suite de propos tenus par le président du Parlement de ce pays, dénoncés par le ministère iranien comme « une ingérence dans les affaires intérieures de l’Iran ».

Les protestations ont été déclenchées le 16 septembre, le jour du décès de Mahsa Amini arrêtée le 13 septembre à Téhéran pour « port inapproprié des vêtements ». Les autorités nient toute implication dans la mort de la jeune femme de 22 ans et originaire de la région du Kurdistan (nord-ouest). Mais depuis, des Iraniens en colère descendent tous les jours à la tombée de la nuit dans la rue pour manifester. Les manifestations sont marquées par des affrontements avec les forces de sécurité et par des slogans hostiles au pouvoir, selon médias et militants.

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Ces manifestations sont les plus importantes depuis celles de novembre 2019, provoquées par la hausse des prix de l’essence, en pleine crise économique, qui avaient touché une centaine de villes en Iran et été sévèrement réprimées (230 morts selon un bilan officiel, plus de 300 selon Amnesty International).

À l’étranger, des manifestations soutenant le mouvement en Iran ont eu lieu ce week-end dans plusieurs pays : au Canada, aux États-Unis, au Chili, en France, en Belgique, aux Pays-Bas et en Irak, pays voisin de l’Iran.

(rfi.fr Avec AFP)