L’agent Abdoulaye du WesternUnion de Maka arnaque-t-il les clients ?

 

Les pratiques de l’agent chargé des transferts WesternUnion dans le bureau situé à côté de la Pharmacie SECK de Maka alimentent toutes les conversations. L’agent abuse-t-il de sa situation de monopole ? Les clients s’interrogent et une enquête est ouverte suite à la plainte d’un usager basé en Europe.

Lamine n’est pas content. Il est même en colère. Chaque fois qu’il envoie de l’argent à sa femme, le même scénario se répète quand son épouse se présente au bureau d’Abdoulaye, gérant de la boutique WU. « Dans un premier temps, le commerçant lui demande le montant à retirer » témoigne Lamine. « Puis dans un second temps, le gérant lui soumet la condition suivante : « Pour chaque tranche de 50 000 fcfa, nous prélevons une marge de 2 000 fcfa en liquide. Si vous acceptez, on procède à l’opération. Dans le cas contraire, allez voir ailleurs ».

Pourtant le site Western Union précise bien sur site comment récupérer l’argent :
« Pour retirer l’argent, le bénéficiaire peut se rendre dans n’importe quelle agence Western Union. Il devra suivre les instructions de l’agent et fournir le numéro de suivi (le MTCN) ainsi qu’une pièce d’identité en cours de validité. L’agent versera alors le montant du transfert au bénéficiaire. »

L’agent est-il par conséquent autorisé à prélever en liquide et sans aucune justification écrite une somme de 4%. Cela relève-t-il d’une pratique délictuelle ou autorisée par WesternUnion.

Car aller se faire payer ou se faire voir « ailleurs » comme le dit sans gêne le fameux agent, c’est Tamba. Autant dire le bout du monde pour cette commune de Makacolibantang toujours pas desservie par une route bitumée et éloignée de plus de 80km du plus proche bureau Western. 80 kilomètres et dans le meilleur des cas, plus de 8 heures aller retour. Les clients font vite leur compte. L’argent à dépenser pour aller à Tamba, sans compter le temps et la fatigue… Ils n’ont plus qu’à se soumettre au Diktat de l’agent prénommé Abdoulaye.

Sauf que le manège dure depuis un certain temps, et que les clients sont de plus en plus nombreux à se plaindre des pratiques de l’agent et de son attitude. « Ici les gens sont pauvres, souvent analphabètes et connaissent mal leurs droits. Beaucoup de choses anormales se passent et les villageois se sont résignés », poursuit Lamine, issu du village et cadre en Europe. « L’argent que nous envoyons à nos parents pour leur permettre de vivre ou de survivre est essentiel » confie Lamine.

« Le service de WesternUnion est vraiment très important pour nos familles et nos villages » témoigne Fodé, « fâché lui aussi par les pratiques douteuses de l’agent Abdoulaye ». « J’ai appelé le service juridique de WesterUnion en Suisse, confie Lamine. Ils vont faire leur enquête pour déterminer ce qui se passe réellement au sein du bureau. » Contacté, le commandant de la gendarmerie a pris note des informations transmises par Lamine mais attend que les administrés viennent porter plainte. « Les victimes ou présumées victimes doivent venir déposer plainte à la gendarmerie afin que nos services puissent agir en conséquence » a expliqué le commandant. Une démarche que les villageois auront du mal à faire explique Lamine. « C’est la mentalité rurale. On préfère supporter les fraudes que d’aller voir des forces de l’ordre dont elles ont peur ».

Bruno Sotin Briand /