Hymne algérien: le troisième couplet, évoquant la colonisation française, ne passe pas à Paris

 

Un décret présidentiel datant de mai dernier impose l’exécution du Kassaman, l’hymne national algérien, dans son intégralité lors de commémorations officielles en présence du président de la République.

Écrit par le poète Moufdi Zakaria durant la guerre d’indépendance (1954-1962), l’hymne national d’Algérie, adopté en 1963, compte cinq couplets. Le troisième couplet cite la France : « Ô France ! Le temps des palabres est révolu. Nous l’avons clos comme on ferme un livre. Ô France ! Voici venu le temps où il te faut rendre des comptes. Prépare-toi ! Voici notre réponse. Le verdict, notre révolution le rendra car nous avons décidé que l’Algérie vivra. »

Ce troisième couplet n’a jamais été supprimé malgré des tentatives comme durant la présidence de Chadli Benjedid. Dans un décret de mars 1986, un article stipulait qu’il « peut être procédé à l’exécution de l’hymne national dans des circonstances ou situations spécifiques, dans sa version intégrale ou réduite », rappelle TSA. Ce décret n’avait « pas fixé clairement » quand l’hymne national pouvait être exécuté dans sa version intégrale ou expurgé du couplet anti-français. « Ce nouveau décret est en somme une manière de formaliser les choses », estime le site d’information, observant que « dans la pratique, l’exécution du couplet citant la France a été rétablie depuis quelques années ». « Il a été notamment exécuté lors de la cérémonie d’investiture du président Abdelmadjid Tebboune le 19 décembre 2019 », rappelle TSA.

La cheffe de la diplomatie française a estimé qu’un décret étendant l’utilisation d’un couplet évoquant la France coloniale dans l’hymne national de l’Algérie pouvait « apparaître à contre-temps » au moment où les deux pays s’efforcent de donner un nouvel élan à leur relation.

Ce nouveau décret présidentiel pris en mai est venu modifier celui de 1986. « Sa teneur peut être interprétée comme une manière (…) de rendre obligatoire l’exécution des cinq couplets dans les situations prévues par la loi », a expliqué cette semaine TSA. Interrogée sur LCI vendredi soir, Catherine Colonna a souligné que c’était « très daté » et qu’il fallait replacer « cela dans son contexte de la décolonisation ».

 

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