PRÉSIDENTIELLE 2024 Idrissa Seck, le grand oublié du Dialogue national.

 

Idrissa Seck, qui a participé au Dialogue national, ne semble pas avoir engrangé un gain politique, à l’issue des discussions. Si les cas de Karim Wade et Khalifa Sall ont été au cœur du dialogue, le leader de Rewmi n’a pas pesé dans les débats, surtout concernant la question du troisième mandat de Macky Sall. Idrissa Seck, qui veut incarner sa stature de chef de l’opposition, entend orchestrer une dynamique qui doit le conduire à la présidentielle de 2024. 

 

À l’occasion de la cérémonie de restitution des conclusions du Dialogue national, samedi dernier, une absence de taille n’est pas passée inaperçue.

En effet, le chef du parti Rewmi, Idrissa Seck, a brillé par son absence lors de cette rencontre. L’ancien maire de Thiès qui, lors de la cérémonie d’ouverture, a salué le bilan matériel élogieux du président Macky Sall avant de revenir sur ses attentes par rapport à ce Dialogue national : ‘’J’attends de ces discussions une démocratie renforcée et des élections libres, transparentes et inclusives’’, avait-il déclaré. Idrissa Seck, qui espérait à travers le dialogue, se repositionner sur l’échiquier politique, semble avoir perdu son pari.

Au fil des discussions liées à ce dialogue, il est apparu que la question de l’éligibilité de Karim Wade et Khalifa Sall sera l’élément central de ce Dialogue national.  L’ancien président du Conseil économique, social et environnemental (Cese), qui avait annoncé sa démission en avril 2023 et actant au passage la fin de son compagnonnage avec Macky Sall, a choisi d’adopter une ‘’posture républicaine’’, en venant dialoguer avec le pouvoir dans un contexte de fortes tensions politiques. Les émeutes meurtrières du 1er et du 2 juin dernier, ainsi que les conclusions du dialogue semblent laisser présager qu’on est en face d’un échange de bon procédé entre les différents acteurs. Si Karim Wade et Khalifa Sall ont réussi, avec la modification de l’article L28-3 du Code électoral, à ‘’légitimer’’ leur candidature pour la Présidentielle de 2024 et que Macky Sall a obtenu le recours au Conseil constitutionnel pour statuer sur sa possible candidature, du côté de Rewmi, les gains paraissent bien minces.

En effet, l’opposition a pu obtenir quelques avancées dans la question du fichier électoral, de la liste unique, du parrainage et de la caution. Néanmoins, le pouvoir est resté inflexible concernant le recours à une personnalité indépendante pour organiser les élections. Selon les délégués du pouvoir, le ministère de l’Intérieur a fait preuve de sa grande capacité à organiser des élections libres et transparentes.

Ce Dialogue national, qui a consacré le retour dans le jeu politique de Khalifa Sall et de Karim Wade, vient remettre en cause la stratégie de positionnement d’Idrissa Seck comme troisième alternative au duel Macky Sall-Ousmane Sonko.

Selon certaines indiscrétions, Idrissa Seck voulait se présenter comme une candidature beaucoup plus conformiste et rassurante pour beaucoup de milieux d’affaires et les puissances occidentales inquiets de l’ascension du souverainiste Sonko et d’une probable candidature fortement contestée de Macky Sall. Preuve de cette frustration, il n’a pas hésité à tacler l’ancien ministre de l’Énergie (NDLR : Karim Wade) dont il estime qu’il n’a pas le talent ni la compétence pour diriger le Sénégal, ne lui trouvant qu’une qualité qui est celle d’être le fils de son père, tel que déclaré dans un entretien avec le média en ligne français ‘’Brut’’.

Pour se remettre en selle, l’ancien responsable libéral, qui a entamé ses tournées à l’intérieur du pays, ne pourra pas aussi bénéficier de la dynamique de la F24 autour d’une lutte contre une troisième candidature de Macky Sall.

En effet, l’ex-candidat à la Présidentielle de 2019 a toujours indiqué vouloir s’en remettre au Conseil constitutionnel sur ce dossier, estimant que sa lutte contre le troisième mandat d’Abdoulaye Wade lui a coûté sa campagne de 2012.

Cette absence d’une bonne dynamique politique qui se joue entre différents acteurs (Benno, F24, Yewwi, Wallu Sénégal, Guem Sa Bopp, entre autres) laisse peu de place à tout autre acteur ou groupement politique.

Ainsi, il sera difficile de réunir plusieurs formations politiques sous la bannière d’un Rewmi en net recul, notamment dans son bastion de Thiès.

Mamadou Sy ‘’Albert’’ : ‘’Politiquement, je ne pense pas qu’(Idy) ait gagné quelque chose dans ce dialogue’’

Idrissa Seck, qui s’est présenté comme le chef de l’opposition, peine à orchestrer une dynamique malgré sa tentative de médiation entre Macky Sall et Sonko, et ses sorties médiatiques pour présenter son programme.

Pour le politologue Mamadou Sy ‘’Albert’’, Idrissa Seck, qui n’avait pas d’offre, a subi les événements du Dialogue national. ‘’Il est passé inaperçu dans ce dialogue, alors qu’il s’est présenté comme chef de l’opposition. On n’a pas senti son empreinte sur ce qui est ressorti du dialogue au niveau des accords ou des désaccords. Même sur la question du troisième mandat, il a subi le dialogue.  Politiquement, je ne pense pas qu’il ait gagné quelque chose dans ce dialogue’’, affirme-t-il.

Poursuivant son propos, l’analyste politique s’interroge sur les raisons qui ont poussé Idrissa Seck à participer au Dialogue national. ‘’Il n’a pas fait de déclaration avant et après le dialogue pour montrer ce qu’il comptait offrir à travers cette concertation. Il voulait se remettre en selle en rendant visite à Sonko et en se présentant comme chef de l’opposition. Mais il a participé comme figurant et a voulu jouer la carte contre Ousmane Sonko, ce qui n’a pas l’air d’avoir bien fonctionné”, conclut-il.

 

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