[CONTRIBUTION] Hommage de centenaire au professeur Cheikh Anta DIOP : le pharaon noir, un recours durable

Le professeur Cheikh Anta Diop aurait eu cent ans hier (le 29 décembre 2023). Nous autres du mouvement des étudiants panafricains de l’université de St Louis (MEPUS) avions l’habitude de le célébrer. De lui rendre visite dans sa dernière demeure de Thieytou à Bambey. Le cheikh est un sujet inépuisable à l’image de sa production, de sa réflexion, une forteresse imprenable, un éclairage durable. En 1951, Diop prépare sous la direction de Marcel Griaule une thèse de doctorat à l’Université de Paris, dans laquelle il affirme que l’Égypte antique était peuplée d’Africains noirs, l’antériorité des civilisations noires avec notamment le témoignage de Hérodote. Il ne parvient pas dans un premier temps à réunir un jury mais, sa thèse rencontre un « grand écho » sous la forme d’un livre, Nations nègres et culture, publié en 1954. Il obtiendra finalement son doctorat en 1960. Il poursuit dans le même temps une spécialisation en physique nucléaire. Diop met à profit sa formation pluridisciplinaire pour combiner plusieurs méthodes d’approche. Son laboratoire de carbone 14 fut un renfort et précurseur de l’aura de l’école de Dakar, l’Université Cheikh Anta Diop (UCAD), aujourd’hui, désignée première université de l’Afrique francophone.

Le professeur Diop a démontré que l’Afrique est le berceau de l’humanité, les premiers hommes sont partis du continent noir pour peupler la planète. Dans le cadre de la rédaction de l’histoire générale de L’Afrique, il participe en 1974 au Colloque international du Caire où il confronte les méthodes et résultats de ses recherches avec ceux des principaux spécialistes mondiaux d’où sa renommée. En 1966, lors du premier Festival mondial des Arts nègres de Dakar, Diop a été distingué comme « l’auteur africain qui a exercé le plus d’influence sur le XXe siècle». En effet, Cheikh est auteur de Nations nègres et culture, de l’Unité culturelle de l’Afrique noire, de l’Afrique noire précoloniale, de Civilisation ou barbarie, d’Alerte sous les tropiques, de Fondements économiques et culturels d’un Etat fédéral d’Afrique noire…

Par ailleurs, dès 1947, Diop s’est engagé politiquement en faveur de l’indépendance des pays africains et de la constitution d’un État fédéral en Afrique (entre 1950 et 1953, il est secrétaire général des étudiants du Rassemblement démocratique africain). Son opposition au président poète, Senghor est considérée comme l’un des épisodes intellectuels et politiques les plus marquants de l’histoire contemporaine de l’Afrique noire.

Et surtout le cheikh avait invité dare-dare aux Etats Unis d’Afrique avec une intégration des quêtes au développement. Je me rappelle, je disais à mes camarades lorsqu’on devait clore nos échanges de nuit au campus, on l’a frôlé, on ne l’a pas frappé le sujet car cheikh est un océan…

Cheikh Anta Diop meurt dans son sommeil à Dakar, le 7 février 1986, son mausolée est érigé le 8 février 2008, à Thieytou dans le Baol, son village natal où repose le restaurateur de vérités historiques et par là de la fierté de tout un continent.

P B Moussa Kanté, Université Gaston Berger (UGB)

Mouvement des étudiants panafricains de l’Université de St Louis du Sénégal (MEPUS)