Controverse autour du Code électoral au Bénin : L’archevêque émérite de Cotonou Mgr Ganyé “crache” ses vérités à Talon

 

 

Votée le mercredi 06 mars dernier, la loi portant révision du Code électoral continue de susciter des débats dans l’opinion publique au Bénin. L’Église catholique béninoise a décidé d’y contribuer en organisant le 25 avril dernier, un colloque placé sous le thème : « Le Code électoral, le vivre-ensemble et la participation de tous à la construction de la Nation ».
Lors de cette rencontre qui s’est déroulée au Palais des Congrès de Cotonou, l’archevêque émérite Monseigneur Antoine Ganyé a critiqué le texte. Il le soupçonne de renfermer des gènes de la division. « Nous avons été éclairés. Mais les inquiétudes, Monsieur le Président, demeurent. Et, le souhait de l’assemblée, c’est que vous fassiez quelque chose de magnanime et de formidable pour que ce Code électoral ne suscite pas des bagarres dans notre pays. Parce que nous sommes en train de soupçonner cela, c’est pourquoi respectueusement, nous avons organisé ce colloque. L’assemblée reste sur sa faim, elle n’est pas encore satisfaite » a déclaré le prélat à la retraite, s’adressant à Patrice Talon.
« Pour les gens, ce qu’il aime c’est la charpente »
Il lui rappelle que le « vivre-ensemble » des Béninois dépend aussi de ce code électoral. « Vivre ensemble et code électoral se donnent la main…Le code électoral est là-bas au niveau des grands, mais nous devons nous prendre la main.  Et s’ils nous tendaient la main, comme nous leur tendons la main ? Autrement, ils disent quelque chose à leur niveau, nous sommes également ici en train de dire quelque chose à notre niveau. Comment allons-nous nous rencontrer pour nous serrer la main ? C’est important. Quand est-ce qu’on va se voir ? (Il faut) qu’après tous ces travaux, les organisateurs de ce colloque  puissent rencontrer le chef de l’Etat », a-t-il souhaité
Le prélat dit être persuadé que Patrice Talon “veut le bien du Bénin et de chaque béninois”. Seeulement, on a “l’impression qu’il aime un pays sans aimer ses habitants”.
« Il a consolidé des choses…, les routes, l’eau à boire, la lumière et autre, mais ce que nous entendons, tout ça, c’est la charpente du pays. Pour les gens, ce qu’il aime c’est la charpente, mais ceux que cette charpente abrite ne sont pas aimés. Alors il faut que quelqu’un puisse le lui dire. C’est en ami qu’on lui dit ça » a déclaré Monseigneur Antoine Ganyé.
Ce que le gouvernement reproche au Clergé
Notons que les personnalités de la mouvance présidentielle ont boycotté le Colloque organisé par l’Eglise catholique. Le porte-parole du gouvernement, invité, a également brillé par son absence.
Wilfried Léandre Houngbédji reproche aux dignitaires catholiques, la démarche adoptée.
Avant même le vote du texte, le Clergé était déjà monté au créneau pour faire une dénonciation a priori, rappelle-t-il. Quand le Code a été finalement voté, il n’a pas adressé un courrier au gouvernement pour comprendre les tenants et les aboutissants de ce texte afin de se faire une idée, avant de convoquer ce colloque, critique le porte-parole du gouvernement. Pour lui, « c’est ce que l’arbitre neutre, le médiateur aurait exactement fait ».
Les innovations du Code électoral controversé
Il faut dire que le Code électoral modifié suscite la controverse parce qu’il a été corsé. Le seuil de suffrages requis pour prétendre à l’attribution de siège au parlement lors des Législatives est passé de 10 à 20%.
En clair, seuls les partis ayant obtenu 20% des suffrages exprimés sur le plan national peuvent prétendre à un siège au Parlement.  L’autre innovation majeure de ce texte concerne le parrainage des candidats à l’élection présidentielle de 2026.
Désormais, les duos de candidats au scrutin  doivent être parrainés par 15% des députés et ou maires. Ce taux était fixé à 10% avant la modification du Code.
A partir de 2026 donc, ceux qui prétendent à la magistrature suprême sont obligés d’avoir l’assentiment de 28 députés et maires. Le Code modifié précise par ailleurs que les députés et les maires ne peuvent parrainer que des candidats membres ou désignés par le parti qui l’a élu.
De plus, seuls les députés et les maires élus la même année, lors des élections couplées auront le privilège d’accorder leurs parrainages aux candidats à la présidentielle. Ce qui  n’était pas le cas dans l’ancien code électoral.
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