Accords de pêche : l’UE affirme ne cibler que les espèces de poissons que les Sénégalais ne veulent pas

 

 

Lors du conseil des ministres du 8 mai 2024, au Palais présidentiel, Le président Bassirou Diomaye Faye a sollicité un audit approfondi du pavillon sénégalais ainsi qu’une évaluation des accords et licences de pêche internationaux, ciblant notamment ceux conclus avec l’Union européenne.

Le ministre sénégalais a mis en avant la nécessité de réaliser « l’audit du pavillon sénégalais », un domaine actuellement entaché par des allégations de prête-noms. Il a également requis « l’évaluation des accords et licences de pêche » en vigueur entre le Sénégal et plusieurs pays, dont ceux membres de l’Union européenne. Cette demande intervient dans un contexte où le secteur de la pêche au Sénégal fait face à des défis significatifs, notamment en termes de transparence et de gestion durable des ressources halieutiques.

En amont de cette requête, le ministère sénégalais des Pêches a pris une mesure de transparence en publiant, le lundi de la même semaine, une liste des navires autorisés à opérer dans les eaux nationales. Cette liste comprend 132 navires industriels sous pavillon sénégalais, 19 navires européens, et plus de 17 400 pirogues artisanales, marquant une rupture avec l’opacité historique du secteur.

Jean-Marc Pisani, l’ambassadeur de l’UE au Sénégal, a défendu l’accord de pêche actuel, en vigueur depuis 2019 et qui doit expirer en novembre 2024. L’ambassadeur a souligné que cet accord « représente moins de 1 % de la pêche au Sénégal » et est « public, transparent et disponible ». Selon Pisani, l’accord permet aux pêcheurs européens de prélever un quota de 10 000 tonnes par an, bien que seulement 3 000 tonnes soient effectivement pêchées. Il a également affirmé que cet accord ne concerne que la pêche de stocks excédentaires et de deux espèces non ciblées par les pêcheurs locaux : le thon et le merlu noir.

Le président sénégalais a demandé au gouvernement de prendre des mesures nécessaires pour protéger les ressources halieutiques et soutenir les pêcheurs artisanaux face à la concurrence des flottes étrangères. Les pêcheurs sénégalais, principalement actifs dans la pêche artisanale traditionnelle, attribuent la diminution des stocks de poissons à la présence accrue de bateaux usines internationaux. Cette situation a également été abordée lors de la récente visite du président du Conseil européen, Charles Michel, qui s’est dit disposé à apporter des améliorations aux accords de pêche si nécessaire.

senego.com