Mali : Le pays paralysé par une grève spontanée très suivie

 

 

Au Mali, l’appel à la grève de 48 heures lancé par le Syndicat national des assurances, banques et établissements financiers a été largement suivi, ce jeudi 6 juin. Cette mobilisation spontanée fait suite à l’arrestation hier d’Hamadoun Bah, secrétaire général du syndicat des banques et secrétaire général adjoint de l’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM). Inculpé pour faux et usage de faux sur fond de conflit syndical interne, Hamadoun Bah bénéficie d’un fort soutien de sa base, tandis que les usagers dénoncent une grève jugée corporatiste.

À Bamako, ce matin, de nombreux usagers ont découvert avec frustration la fermeture des banques et agences financières alors qu’ils cherchaient à retirer de l’argent ou à s’approvisionner en carburant. La grande majorité des banques et assurances de la capitale ont gardé leurs portes closes, et le service minimum n’a pas été assuré dans la plupart des agences financières, provoquant un mécontentement général. Même les principales compagnies de distribution pétrolière du pays ont cessé leurs activités. Ce type de grève est extrêmement rare depuis quatre ans, depuis la prise de pouvoir des militaires, période pendant laquelle la contestation sociale a connu une certaine accalmie.

Selon RFI, le Syndicat national des banques et assurances justifie cette grève en affirmant son soutien à Hamadoun Bah, dénonçant son arrestation comme « une entrave à la liberté syndicale ». Les dirigeants syndicaux réclament sa libération immédiate, arguant que la défense des droits de tous les travailleurs est au cœur de leurs préoccupations et de leurs combats.

Selon un porte-parole du syndicat, « la grève n’est pas seulement une réponse à l’arrestation de notre secrétaire général, mais aussi une manifestation de notre engagement à défendre la liberté syndicale et à protéger les droits de tous les travailleurs du secteur. » Il a ajouté que « l’arrestation de M. Bah est perçue comme une tentative de fragiliser le mouvement syndical dans un contexte déjà marqué par de nombreux défis pour les travailleurs. »

Les usagers, pris au dépourvu par cette grève, expriment une profonde exaspération, dénonçant une action qu’ils qualifient de corporatiste et négligeant les besoins essentiels des citoyens. « Nous comprenons les raisons de la grève, mais il est inacceptable que les services essentiels soient interrompus de cette manière, » a déclaré un habitant de Bamako. « La population ne devrait pas être prise en otage par des conflits internes. »

En l’absence d’une solution rapide, les perturbations risquent de s’aggraver, affectant non seulement les transactions bancaires, mais aussi l’approvisionnement en carburant et d’autres services critiques. Le syndicat, de son côté, reste ferme sur ses revendications, soulignant que la solidarité avec Hamadoun Bah est essentielle pour préserver l’unité et la force du mouvement syndical au Mali.

 

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