
Soréto est un village frontalier au Mali, situé dans le département de Bakel. Ici, une polémique est née et elle enfle au fil du temps, du fait de deux postes de santé construits par des fils du village, et qui se regardent désormais en chien de faïence. Le premier est l’imam du village et le second, un entrepreneur dans l’exploitation artisanale de l’or. L’imam a boudé l’inauguration du poste de santé offert par l’exploitant minier parce qu’il aurait été « humilié » par le médecin chef du district de Kidira qui lui aurait demandé d’investir dans la case, afin qu’elle fasse office de poste de santé.
La réception officielle du poste de santé par le sous-préfet de Kéniéba le 19 juin dernier a suscité des grincements de dents à Soréto, et il laisse entrevoir un conflit latent dans ce village d’exploitation artisanale de l’or frontalier au Mali.
Selon des sources concordantes, ce poste est l’extension de la case de santé du village construit par les populations elles-mêmes en 2018. Devenue très fréquentée, les autorités sanitaires de Kidira auraient demandé à l’imam du village, par ailleurs membre du comité de santé, que cette infrastructure soit érigée en poste de santé.
Selon l’imam El Hadj Abdoulaye Keïta, « c’est suite à une visite de courtoisie que j’ai rendue aux responsables du district de Kidira, qui étaient passés me saluer à mon retour du petit pèlerinage, et qui ne m’avaient pas trouvé sur place, que la proposition m’a été faite par un agent du district de transformer la case en poste de santé ». L’imam Keïta poursuit, « j’ai alors demandé ce qu’il fallait pour ce faire, et l’on m’a fait comprendre qu’il fallait acheter des équipements complémentaires. Ce que j’ai fait et les équipements ont été acheminés sur site. C’est à la suite que le médecin-chef de district lui-même m’a appelé pour solliciter qu’un logement pour l’infirmier chef de poste et un bâtiment pour la médecine soient construits. Je clôture la structure sanitaire, engage des travaux pour un bâtiment en R+1 devant aussi abriter une maternité et un dernier bâtiment qui doit faire office de laboratoire, je mets un forage et, à ma grande surprise, j’entends dire qu’un autre fils du village a offert un poste de santé, et c’est celui-là qui a été officiellement réceptionné ».
L’imam El Hadj Abdoulaye Keïta de s’interroger, « pourquoi le médecin-chef de district ne m’avait pas informé de l’existence d’une autre bâtisse offerte par un fils du village en me laissant engager tous ces travaux ». Il poursuit, « qu’est ce qui a subitement changé pour finalement porter le choix sur la bâtisse offerte par l’entrepreneur minier, et qui se situe dans une zone isolée, de l’autre côté d’une rivière, près d’un site d’orpaillage et construit au-dessus d’une galerie » ?
Pour en avoir le cœur net, un confrère s’en est ouvert au médecin-chef du district de Kidira qui l’a renvoyé auprès du sous-préfet, compte tenu du « caractère sensible » de la question
Le Sous- préfet de Kéniéba dégage en touche et soutient continuer à s’investir pour un environnement stable.
Joint par nos services, le sous-préfet de Kéniéba confirmera qu’il est désormais acté que la le poste de santé de Soréto figure sur la carte sanitaire de la région mais, il rejettera les allégations de l’imam pour soutenir que personne ne lui a demandé de construire sur le site de la case de santé. Selon lui, il serait aberrant de rejeter un don à l’état d’une structure de santé gracieusement offerte par un autre fils du village. Le chef de l’exécutif arrondissemental reconnaitra tout de même les nombreuses œuvres de bienfaisance de l’imam de Soréto dans la contrée. C’est pourquoi, il ajoutera continuer à œuvrer pour que ce village ne tombe sous le coup de tensions inutiles. S’agissant de l’usage qui pourrait être fait de la première structure de santé, le sous-préfet laissera entendre que ce sont deux infrastructures appartenant à l’état, et comme le besoin d’abriter un escadron de surveillance et d’intervention de la gendarmerie et la police de l’air et des frontières se pose, la première, qui faisait office de case de santé, pourrait bien servir dans ce domaine, en attendant que les chantiers de l’état puissent sortir de terre.
Par rapport à la position géographique du nouveau poste de santé, le sous-préfet de Kéniéba signifiera que le donateur à construit un ouvrage de franchissement sur la rivière et que le poste de santé n’est pas construit dans un couloir site d’orpaillage au-dessus d’une galerie. A la question de savoir ce qu’il pense d’une rencontre que des agents de santé auraient tenu pour avancer que le premier site serait le meilleur, le sous-préfet rétorquera que « c’est du sabotage ». Qui a véritablement intérêt à saboter quoique ce soit, mystère et boule de gomme.
L’imam de Soréto persiste et signe
« Si le médecin chef de district ne m’avait point demandé de construire un logement et un bâtiment pour la médecine pourquoi allais-je le faire alors que j’ai arrêté des chantiers personnels, dont celui de l’extension de l’école franco-arabe pour le faire », s’est écrié El Hadj Abdoulaye Keïta avant de poursuivre, « le sous-préfet, le médecin chef de district, le chef de village et d’autres personnes étaient bien là dans une rencontre chez le chef de village quand je rappelais tout cela sans que personne ne dise le contraire ». Très courroucé, l’imam martèlera que l’on lui a causé un gros tort qu’il n’est pas prêt à laisser pourrir cette situation sans coup férir.
L’urgence de transcender ce problème se pose avec acuité dans ce village frontalier de Soréto très bien fréquenté du fait de son important site d’exploitation artisanale de l’or.
Boubacar Tamba



