Situation carcérale et indépendance de la justice : Les vives inquiétudes de Me Ibrahima Diaw

 

 

Invité de l’émission Le Jury du Dimanche sur iRadio le 27 juillet 2025, Me Ibrahima Diaw, avocat à la Cour et président du parti Union pour le Développement, a exprimé ses préoccupations sur l’état de la justice au Sénégal. Entre surpopulation carcérale et tensions autour du droit de grève des greffiers, il alerte sur les dérives d’un système judiciaire qu’il juge à bout de souffle.
 
Une crise carcérale persistante
 
La surpopulation carcérale reste un défi majeur pour la justice sénégalaise. Me Diaw reconnaît certaines avancées, mais les juge insuffisantes. « Des améliorations ont été apportées, mais elles sont loin de répondre aux besoins. Nos prisons demeurent surchargées, avec des conditions de détention souvent indignes », a-t-il déclaré. Pour lui, des mesures ponctuelles ne suffisent plus : il appelle à une réforme profonde du système pénitentiaire, axée sur les peines alternatives, la réinsertion des détenus et la modernisation des infrastructures.
 
Grève des greffiers : un traitement jugé abusif
 
Me Diaw s’est également penché sur la grève des greffiers, dénonçant la gestion de ce mouvement social par l’État. Il défend le rôle crucial de ces acteurs de la justice : « Les greffiers sont la plume de la justice. Sans eux, aucune décision ne peut être légalement rendue », a-t-il souligné. Il rappelle que, bien que la loi autorise la réquisition en cas de grève, celle-ci doit respecter des conditions strictes. « Réquisitionner ne signifie pas interdire le droit de grève. Cela doit être justifié, limité dans le temps et exceptionnel. Ce que nous observons aujourd’hui s’apparente à un abus », a-t-il dénoncé.
 
Pour une justice véritablement indépendante
 
Pour Me Diaw, l’indépendance de la justice, bien que garantie en théorie, reste fragile dans la pratique. Il plaide pour un renforcement de l’autonomie des magistrats, mais aussi de l’ensemble des acteurs judiciaires, souvent négligés. « Une justice indépendante ne se limite pas à un juge libre de ses décisions. Elle exige une administration judiciaire efficace, un personnel respecté, des moyens adéquats et une volonté politique forte », a-t-il affirmé. Au-delà des constats, Me Diaw exhorte les autorités à écouter les professionnels du droit, à engager des réformes ambitieuses et à placer la justice au cœur de l’État de droit.
Seneweb