Les dessous de l’affaire Madiambal Diagne : au-delà de l’interdiction de sortie du territoire

 

 

Le journaliste et patron de presse Madiambal Diagne a été empêché de quitter le pays dans la nuit du mardi 23 septembre 2025. Embarqué sur le vol Air Sénégal HC 425 à destination de Paris, il a été débarqué de l’appareil par la police de l’air et des frontières, quelques minutes avant le décollage prévu à 00h05.

Selon plusieurs médias, cette mesure s’inscrit dans le cadre d’une information judiciaire ouverte contre lui et la société Ellipse Projects International. « L’affaire trouve son origine dans un rapport de la Cellule nationale de traitement des informations financières (CENTIF), qui a identifié des flux financiers jugés suspects », rapporte un quotidien de la place.

Un contrat de 250 milliards sous la loupe

Le dossier porte sur un marché public de 250 milliards de francs CFA, attribué sans appel d’offres à Ellipse Projects pour la construction de vingt Palais de Justice et d’autres infrastructures pénitentiaires au ministère de la Justice. D’après la presse, Madiambal Diagne est soupçonné d’avoir joué le rôle de « facilitateur » dans l’attribution de ce contrat.

« Il aurait perçu, par l’intermédiaire de proches, des fonds présentés comme des paiements pour des études architecturales et administratives préalables », indiquent nos confrères. Ces versements sont assimilés par les enquêteurs à des rétrocommissions, évaluées à plus de 21 milliards de francs CFA.

Rapports accablants et enquête judiciaire

Un document de plus de 300 pages produit par l’Inspection générale de l’Administration de la Justice (IGAJ) a relevé de nombreuses malfaçons dans l’exécution du projet. Saisi du rapport, le parquet financier a ouvert une information judiciaire dès la fin juillet 2025.

Pour l’heure, la nature exacte des infractions reste floue. « Les termes utilisés renvoient à des soupçons de corruption, de fraude, de blanchiment ou d’autres infractions économiques, sans qu’aucune qualification précise ne soit encore retenue », expliquent des sources judiciaires.

Une procédure aux contours encore incertains

Au-delà de l’interdiction de sortie du territoire, on ignore si d’autres mesures coercitives ont été prises. « Aucune communication officielle ne mentionne à ce stade de perquisitions, de gel d’avoirs ou d’inculpations formelles », relève un analyste.

L’affaire, qui mêle justice, grands contrats publics et soupçons de rétrocommissions, place désormais le journaliste Madiambal Diagne et la société Ellipse Projects au cœur d’un procès attendu devant le pôle judiciaire financier. Le troisième cabinet du Pjf hérite désormais du dossier Madiambal–Ellipse Projects.

 

senego.com