L’Université Cheikh Anta Diop de Dakar a vécu, hier encore, l’une de ses journées les plus explosives, marquée par de violents affrontements entre étudiants et forces de l’ordre. Une situation chaotique qui a laissé derrière elle cinq policiers blessés, dont un officier, ainsi qu’un responsable du Collectif des amicales grièvement touché, selon les informations rapportées par L’Observateur.
Ce qui n’était au départ qu’une grève pour réclamer le paiement des bourses s’est désormais mué en une contestation d’envergure nationale : Saint-Louis, Kaolack, et d’autres campus entrent à leur tour en rébellion, étendant la crise bien au-delà du périmètre dakarois.
Un campus transformé en champ de bataille
D’après L’Observateur, les hostilités ont commencé tôt dans la matinée. Dès 6 à 7 heures, devant le Pavillon B, les étudiants grévistes ont constitué trois groupes stratégiques :
• l’un destiné à faire sortir les étudiants des restaurants,
• un autre chargé de déloger ceux présents dans les amphithéâtres,
• un troisième garantissant la liaison et la progression vers d’autres zones du campus.
À 8 heures, la Corniche-Ouest a été prise d’assaut, déclenchant une série d’échauffourées qui ont rapidement dégénéré en affrontements quasi ininterrompus. Les policiers, débordés par l’ampleur de la mobilisation, ont dû recourir à des moyens rarement observés dans l’enceinte universitaire.
Chars antiémeutes et GMI : la démonstration de force
Face à l’intensité de la confrontation, les forces de l’ordre ont déployé deux chars antiémeutes, l’un sur la Corniche-Ouest, l’autre sur l’Avenue Cheikh Anta Diop. Les éléments du Groupement mobile d’intervention (GMI) ont également été appelés en renfort.
La tension est montée d’un cran lorsque, pour la première fois depuis plusieurs mois, la police a franchi les portes du campus, pénétrant à l’intérieur de l’Université, un espace traditionnellement protégé par les « franchises universitaires ».
Franchises universitaires : le point de rupture
Selon L’Observateur, la présence des forces de l’ordre dans le campus pédagogique a déclenché la colère des étudiants, qui accusent la police d’avoir violé les franchises universitaires et exigent leur retrait immédiat.
La réponse des forces de l’ordre a été claire : ces franchises « ne concernent que le campus social ».
Cette position n’a pas calmé les esprits. Au contraire, plusieurs incidents ont éclaté, notamment entre étudiants et agents du Coud (Centre des œuvres universitaires de Dakar). Des blessés ont été enregistrés, dont un étudiant de la Faculté des Lettres victime d’une fracture.
Corniche verrouillée, campus quadrillé
Les grévistes ont multiplié les tentatives pour perturber la circulation en empruntant des ruelles proches de l’Ambassade du Mali et du commerce Kayser. Les policiers ont, selon les sources de L’Observateur, mené une traque méthodique, repoussant systématiquement les étudiants jusqu’à leurs positions initiales.
Vers midi, le mouvement a connu une nouvelle escalade :
• des groupes d’étudiants ont envahi les restaurants sans payer les tickets,
• un autre groupe a tenté de tenir la ligne au niveau du Canal 4, avant d’être dispersé par l’arrivée massive des forces de l’ordre.
Le quadrillage policier, presque militaire, a finalement permis de reprendre le contrôle des zones sensibles.
Bilan : des blessés des deux côtés
À l’heure du décompte, L’Observateur fait état de :
• 5 policiers blessés, dont 4 du GMI et 1 officier,
• plusieurs étudiants touchés,
• un responsable du Collectif des amicales avec un bras fracturé.
Un bilan qui illustre la violence d’une crise qui ne faiblit pas et s’inscrit déjà dans la durée.
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