Le tribunal correctionnel de Mbour a vécu hier une audience peu ordinaire, digne d’un scénario d’espionnage, où se mêlent armes de guerre, voyages internationaux et un mystérieux cousin introuvable. Au cœur du dossier : Yema Nagib Thomas, hôtesse de l’air américaine d’origine, et Léon Magellan Peacock, agent de banque sierra-léonais, tous deux poursuivis pour trafic international d’armes et de munitions de guerre.
Selon les éléments versés au dossier, les faits remontent au 5 avril dernier. Après une semaine passée au Sénégal, Léon Magellan Peacock devait embarquer à bord d’un vol Air Côte d’Ivoire à destination d’Accra. Mais son voyage a été brutalement interrompu au niveau du contrôle de routine effectué par les agents du Commissariat spécial de l’Aéroport Blaise Diagne, relevant de la Direction de la Police de l’air et des frontières (DPAF).
Un arsenal complet découvert dans ses valises
Les policiers, alertés par des anomalies détectées lors du scan, décident d’ouvrir les deux valises du passager. Ils y découvrent un contenu stupéfiant :
• 1 fusil d’assaut,
• 1 pistolet automatique 9 mm,
• 1 pistolet automatique calibre 12,
• 1 fusil à pompe 12 mm,
• 1 fusil de chasse,
• 76 munitions calibre 6,56 mm,
• 169 munitions calibre 12 mm,
• 12 munitions magnum calibre 12,
• 9 balles à blanc de calibre 9 mm,
• 1 gilet pare-balles,
• 1 laser de radiation,
• ainsi que 3 téléphones portables et un ordinateur portable.
Face à cet arsenal militaire, Léon Magellan Peacock est immédiatement arrêté et placé à la disposition de la Division des investigations criminelles (DIC).
L’étrange histoire du “cousin Fraser”, introuvable
En garde à vue, le prévenu tente de se défendre : selon lui, ces valises ne lui appartiennent pas. Elles seraient la propriété de son cousin, Léonard Kashope Fraser, qui lui aurait demandé de venir les récupérer au Sénégal.
Installé à Dakar grâce à l’hospitalité de Yema Nagib Thomas, l’hôtesse de l’air et amie du fameux cousin, Léon Magellan affirme avoir simplement retiré les valises dans l’appartement de Fraser à l’aide des clés remises par Yema.
Interpellée à son tour, Yema Nagib reconnaît avoir accueilli Léon Magellan et lui avoir remis les clés, mais soutient ignorer totalement le contenu des bagages. Elle affirme n’avoir été qu’un relais logistique, et précise que Fraser a disparu depuis leur arrestation.
À la barre : dénégations, contradictions et un procureur inflexible
Devant le tribunal de Mbour, les deux prévenus ont repris leur ligne de défense :
• Yema nie toute implication ;
• Léon répète qu’il croyait transporter des “livres et effets personnels”.
Mais pour le procureur, les faits parlent d’eux-mêmes.
Il estime que les deux mis en cause ont « voulu faire du Sénégal un pays de transit pour des armes à feu et des munitions de guerre importées depuis les États-Unis ».
Il requiert 5 ans d’emprisonnement ferme contre chacun d’eux.
Décision attendue le 5 janvier 2026
La demande de liberté provisoire introduite par Yema Nagib a été rejetée par le tribunal. Les deux prévenus resteront donc en détention jusqu’au délibéré fixé au 5 janvier 2026.
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