
La situation globale des jeunes filles a été passée en revue hier lors de la présentation du 16ème Rapport annuel de Plan international Sénégal. Ledit rapport réalisé au niveau international dans trois pays indique que nonobstant les législations et conventions signées, les droits des filles continuent à être violés.
La situation des jeunes filles reste une préoccupation majeure. Celles-ci continuent d’êtres victimes de toutes sortes de violences en dépit des législations et des conventions qui les protègent. Les rapports des différentes institutions mettent à nu les violences physiques et morales. Ce triste constat est ressortit du 16ème Rapport annuel intitulé « Libérons les filles » présenté par Plan Sénégal international. Ledit rapport mentionne les témoignages horrifiants de jeunes filles, en particulier des adolescentes qui sont, au quotidien, confrontées à des obstacles liés à l’éducation, à la santé, à l’autonomisation, au leadership, etc.
Selon la directrice de Plan international Sénégal, Mme Oumy Lakh Sall, les filles n’ont pas la vie facile. « Bien qu’elles disposent des mêmes droits que leurs frères, elles sont confrontées à différentes discriminations avant même d’être nées », indique Mme Sall. Aussi a-t-elle précisé que ce rapport a été réalisé au niveau international dans trois pays. Il s’agit de la Colombie, de l’Espagne et de l’Ouganda avec une contribution active des jeunes filles. A en croire la directrice de Plan international Sénégal, les rôles traditionnels dévolus à chaque sexe et les relations de pouvoir placent les femmes et les filles en position d’infériorité par rapport aux garçons et aux hommes. D’où le bien-fondé de la campagne « Parce que je suis une fille » initiée par Plan. Celle-ci vise à remédier les défis auxquels sont confrontées les filles à travers le monde. Ainsi, grâce à l’engagement de ces dernières, les leaders mondiaux ont convenu de placer les droits des filles au cœur du programme de développement durable pour l’horizon 2030. Cet engagement indique que les filles sont plus susceptibles de réaliser tous leurs droits. « Maintenant plus que jamais, un nouveau mouvement audacieux est nécessaire pour assurer l’action et la responsabilité, mais surtout de s’assurer qu’aucune fille ne soit laissée ou incapable d’atteindre son plein potentiel », fait savoir Mme Oumy Lakh Sall.
33% des filles mariées avant 18 ans
Présidant la cérémonie, la directrice de la Famille et de la protection des groupes vulnérables au ministre de la Femme, de la Famille et du Genre, Coumba Thiam Ngom, a relevé l’urgence de renforcer le plaidoyer. Citant une étude commanditée par le Fonds des Nations unies pour la population qui indique que 10 à 12 millions de fillettes sont mariées, chaque année, à des hommes ayant 20 à 30 ans de plus qu’elles. Ainsi, ces filles qui deviennent des épouses enfants sont privées d’éducation, plus exposées aux violences physiques et sexuelles. Elles mettent au monde des enfants avant l’âge normale de procréation. Elles sont ainsi contraintes à des rapports sexuels précoces.
Mme Ngom est convaincue que le mariage précoce et forcé fait partie des problèmes qui constituent des obstacles au progrès des filles. Au Sénégal, environs 33% des femmes âgées entre 20 et 24 ans ont été mariées avant l’âge de 18 ans avec une forte prévalence dans les régions de Matam, de Kolda et de Tambacounda. De plus, 31 % des femmes ont été victimes de violences sexuelles durant leur adolescence (13-17 ans). C’est pour ces raisons que la directrice de la Famille exige un changement de mentalité. « Il faut une réponse multisectorielle, mais surtout l’implication et la mobilisation de l’ensemble des acteurs dans la promotion des droits humains de l’enfant et de la jeune fille », a indiqué Coumba Thiam Ngom.
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