Scrutin présidentiel Lituanie: la présidente sortante favorite

La favorite du scrutin est notamment connue pour ses critiques acerbes à l’égard de Moscou.

Surnommée la «dame de fer» balte, Mme Grybauskaite, 58 ans, pourrait être réélue dès le premier tour en fonction des résultats. Selon une première estimation du chef de la commission électorale nationale, Zenonas Vaigauskas, la participation au scrutin était de l’ordre de 52% ou 53%, soit au-dessus de la barre de 50% nécessaires pour que Dalia Grybauskaite puisse être reconduite dès le premier tour déjà.

Aucun sondage n’a été donné à la fermeture des bureaux de vote à 19h00 (heure suisse), si bien qu’il fallait attendre les résultats officiels pour laisser entrevoir la victoire de Mme Grybauskaite, «probable mais pas encore assurée», selon les analystes.

Parmi ses principaux rivaux figurent le député européen social-démocrate Zigmantas Balcytis et le député travailliste Arturas Paulauskas.

Prête à prendre les armes

Cette élection coïncide aussi avec une montée de l’inquiétude suscitée en Lituanie par les agissements de la Russie en Ukraine et son potentiel militaire grandissant aux frontières de cette ex-république soviétique.

Lors de la campagne, Mme Grybauskaite n’a pas mâché ses mots en se déclarant «prête à prendre elle-même les armes pour défendre le pays si la sécurité nationale le nécessite (…) L’avenir de la Lituanie dépend de la décision que chaque citoyen lituanien prend aujourd’hui», a-t-elle affirmé en mettant dimanche son bulletin dans l’urne.

Le principal rôle du chef de l’Etat lituanien est de diriger la politique étrangère et la présidente sortante s’est particulièrement illustrée par ses critiques acerbes contre les agissements de la Russie. Elle a ainsi accueilli fin avril en Lituanie les troupes américaines, alors que l’Otan renforçait sa présence dans les pays baltes qui ont passé cinquante ans sous occupation soviétique jusqu’en 1991, avant de rejoindre en 2004 l’Otan et l’UE.

Adversaires pro-russes

Célibataire, ceinture noire de karaté, Dalia Grybauskaite, ex-commissaire européenne au budget, est connue pour son franc-parler. «Elle ne retient pas ses coups, elle s’exprime ouvertement et elle sait quels sont les intérêts de la Lituanie», a expliqué Judy Dempsey, analyste de Carnegie Europe.

Ces principaux adversaires ont fait campagne sur les questions sociales, s’engageant à combattre le chômage et la corruption. Contrairement à Mme Grybauskaite, ils ont plaidé en faveur d’un dialogue avec Moscou.

«Nous devons nouer un dialogue avec la Russie. N’importe quel genre de paix est préférable à une guerre», a insisté M. Balcytis. «Je crois en ma chance», a-t-il ajouté en votant dimanche.

Programme d’austérité

Mme Grybauskaite avait fermement soutenu le programme d’austérité quand la Lituanie avait basculé dans la crise en 2009. Elle a également plaidé pour l’adoption de l’euro l’an prochain.

La présidente sortante n’est affiliée à aucun parti, mais elle est soutenue par les principaux partis d’opposition, les conservateurs et les libéraux, qui ont perdu les élections en 2012 au profit des sociaux-démocrates.

Etudes à St-Pétersbourg

Née à Vilnius sous l’ère soviétique, Mme Grybauskaite a fait ses études à Léningrad, l’actuel Saint-Pétersbourg, tout en travaillant dans une usine de pelleterie. Elle a par la suite enseigné l’économie dans une école du parti communiste à Vilnius.

Avec le retour de ce pays balte à l’indépendance, elle a alors débuté une carrière dans l’administration lituanienne, notamment au ministère des Affaires étrangères.

Vice-ministre des Finances, puis vice-ministre des Affaires étrangères entre 1999 et 2001, Mme Grybauskaite a été ministre des Finances de 2001 à 2004. Et quand son pays a rejoint l’Union européenne en 2004, elle a été nommée commissaire européenne.

(ats/Newsnet)