
«Le Nigeria a toujours été ouvert au dialogue avec les insurgés», a déclaré le ministre des Affaires spéciales Taminu Turaki, qui a dirigé l’année dernière un comité chargé de réfléchir à un programme d’amnistie avec Boko Haram. «Nous sommes prêts à discuter de tous les problèmes, et les lycéennes enlevées à Chibok en font partie», a-t-il ajouté.
Cette disposition déclarée au dialogue d’Abuja, après un refus lundi, intervient le jour où le commandant des forces armées américaines en Afrique (Africom) est dans la capitale fédérale pour s’entretenir avec les autorités nigérianes afin de retrouver les captives.
Le général David Rodriguez est au Nigeria pour «discuter de l’aide américaine dans les opérations de recherche ainsi que toute la coopération», entre les forces américaines et nigérianes, a expliqué à l’AFP un responsable de la défense américaine.
Lycéennes identifiées
Par ailleurs, l’ensemble des filles apparaissant dans la dernière vidéo diffusée lundi par Boko Haram font partie des 200 lycéennes enlevées à Chibok, dans l’Etat de Borno, selon le gouverneur de cet Etat.
«Toutes les filles de cette vidéo ont été identifiées comme étant des élèves du lycée public de Chibok», a déclaré Kashim Shettima mardi après-midi à Abuja aux manifestants du mouvement #bringbackourgirls, réunis devant son bureau de la capitale fédérale.
Etat d’urgence peut-être prolongé
L’arrivée du général américain coïncide avec la demande de prolongation de l’état d’urgence que vient de formuler le président nigérian dans le nord-est du pays, désormais survolé par des avions américains.
En vigueur depuis un an, l’état d’urgence est cependant d’une efficacité limitée puisqu’il n’a pas empêché l’insurrection de multiplier ses attaques. Boko Haram a ainsi enlevé 276 lycéennes le 14 avril à Chibok, dans l’Etat de Borno (nord-est), l’un de ses fiefs. 223 y restent captives. Le sort des jeunes filles a suscité une immense mobilisation internationale.
Dans une lettre, le chef de l’Etat nigérian Goodluck Jonathan demande une «prolongation de l’état d’urgence dans les Etats d’Adamawa, de Borno et de Yobe», qui expire mercredi.
Proposition refusée
Le gouvernement de l’Etat de Yobe s’est déclaré contre cette proposition.
Une telle mesure «ne constitue pas la réponse adéquate aux défis sécuritaires actuels dans ces trois Etats étant donné l’échec apparent au cours des douze derniers mois» de la politique du gouvernement, a indiqué Abdullahi Bego, porte-parole du gouverneur de l’Etat Ibrahim Gaidam, dans un communiqué.
«L’état d’urgence n’a pas été en mesure de bloquer l’insurrection de Boko Haram», estime Dapo Thomas, expert politique de l’Université de l’Etat de Lagos.
Survol d’avions espions américains
Les Etats-Unis ont annoncé lundi que des avions espions américains survolent désormais le nord.
«Nous avons partagé des images de satellites commerciaux avec les Nigérians et nous effectuons des vols, avec pilotes, d’espionnage, de surveillance et de reconnaissance au-dessus du Nigeria, avec la permission du gouvernement», a révélé un haut fonctionnaire de l’administration américaine.
Face à l’émotion mondiale suscitée par ce rapt sans précédent, le gouvernement nigérian, pourtant traditionnellement rétif aux ingérences étrangères, a accepté l’aide internationale. Les Etats-Unis le Royaume-Uni et la France ont dépêché des équipes, Israël et la Chine ont proposé leur aide.
(ats/Newsnet)