
«Nous sommes prêts à entendre les gens de l’Est. Mais il ne faut pas tirer, piller et occuper les bâtiments administratifs», a dit M. Tourtchinov en ouvrant cette «table ronde» à Kiev en vue d’une désescalade, sous l’égide de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) présidée par la Suisse.
«Ceux qui, les armes à la main, livrent une guerre contre leur propre pays (…), qui nous imposent la volonté du pays voisin répondront devant la loi. Nous ne céderons pas au chantage», a-t-il poursuivi.
Un haut responsable parlementaire pro-russe Olexandre Efremov lui a répondu que «des dizaines de milliers» d’habitants locaux soutenaient les insurgés armés. Comme ses collègues du Parti des régions avant la réunion, il a ajouté que l’Ukraine devait arrêter son opération militaire dans l’Est qui ne fait «que des morts des civils pacifiques».
Et à Moscou, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a critiqué les autorités de Kiev, évoquant le pays où «des Ukrainiens tuent des Ukrainiens».
Rebelles pas à la discussion
M. Tourtchinov a par ailleurs dit que la perte de la Crimée, rattachée en mars à la Russie après trois semaines d’occupation par les forces russes suivie d’un référendum controversé, avait coûté 100 milliards de dollars à l’Ukraine. La région de Crimée dispose notamment de réserves gazières.
«La situation est explosive dans les régions de Donetsk et de Lougansk», où les insurgés pro-russes avaient proclamé l’indépendance à l’issue d’un référendum séparatiste dimanche.
Le Premier ministre Arseni Iatseniouk, deux anciens chefs de l’Etat ukrainien et des candidats à la présidentielle du 25 mai comme Ioulia Timochenko et le pro-russe Serguiï Tiguipko ont également participé à ces discussions. L’ancien diplomate allemand Wolfgang Ischinger, co-modérateur choisi par l’OSCE, a prôné «un processus électoral inclusif, honnête et transparent» en vue de la présidentielle.
Critique lancée par les insurgés
«Nous sommes ici pour promouvoir ce processus, aider à rapprocher l’Ukraine de l’Europe et lui assurer un avenir prospère», a-t-il encore souligné. Les autorités de Kiev ont refusé la participation des rebelles prorusses qu’elles considèrent comme des «terroristes».
Des participants ont par ailleurs évoqué l’organisation d’une nouvelle table ronde, cette fois-ci à Donetsk, sans toutefois trancher la question.
Dans le bastion rebelle de Slaviansk, la porte-parole des séparatistes, Stella Khorocheva, a dit que ceux-ci n’avaient pas de position officielle à l’égard de cette table ronde.
«Mais Kiev nous traite de terroristes et d’extrémistes, ce sont de graves accusations qui pourraient avoir des conséquences juridiques», a-t-elle ajouté. «Nous essayons de libérer notre pays, nous ne sommes pas des terroristes», a-t-elle encore dit.
Militaires tués récemment
Cette table ronde est intervenue dans un moment de grande tension, au lendemain du décès de sept soldats ukrainiens tombés dans une embuscade près de la ville sécessionniste de Kramatorsk. Ce bilan est le plus lourd pour l’armée de Kiev depuis qu’elle a été envoyée le mois dernier dans l’Est mener une opération «antiterroriste».
Sur le terrain, des combats entre rebelles pro-russes et soldats ukrainiens ont lieu presque chaque nuit dans la zone de Slaviansk, bastion des insurgés.
Par ailleurs, le ministre russe de l’Energie et le commissaire européen à l’Energie doivent se rencontrer lundi à Berlin pour décider d’une nouvelle rencontre tripartite sur la sécurité de l’approvisionnement de l’UE et de l’Ukraine, a dit mercredi le ministère russe.
(ats/Newsnet)