
Le ministre britannnique en charge des questions africaines, Mark Simmonds, en visite au Nigeria pour évoquer l’aide internationale mobilisée pour retrouver les 223 jeunes filles, a indiqué avoir évoqué la question avec le chef de l’Etat nigérian.
«Il m’a dit très clairement qu’il n’y aurait pas de négociation avec Boko Haram incluant un échange des lycéennes enlevées contre des prisonniers», a-t-il dit.
Le chef de Boko Haram, Abubakar Shekau, avait proposé un tel échange dans une vidéo, diffusée lundi, montrant les jeunes filles enlevées le 14 avril dans leur école de Chibok, dans l’Etat de Borno (nord-est), un des fiefs du mouvement.
Aide évoquée par Cameron
Toutefois, le ministre des Affaires spéciales Taminu Turaki, qui a dirigé l’année dernière un comité chargé de réfléchir à un programme d’amnistie avec Boko Haram, avait déclaré mardi que le Nigeria restait «ouvert au dialogue» avec le groupe.
Le ministre britannique a lui également indiqué que le président souhaitait toujours engager des discussions plus larges avec les islamistes pour mettre fin à l’insurrection lancée en 2009.
Auparavant, le Premier ministre britannique David Cameron avait souligné que son pays avait «proposé au Nigeria une assistance supplémentaire». Une dizaine d’experts britanniques sont déjà arrivés sur place en fin de semaine dernière.
Vote évoqué au Parlement
Cette nouvelle aide britannique intègre «un avion de reconnaissance, une équipe militaire destinée à intégrer le quartier général de l’armée nigériane ainsi qu’une équipe qui se joindra aux experts américains qui analysent les informations relatives à la localisation des jeunes filles», selon M. Cameron.
Et les Etats-Unis et la France ont déjà envoyé des équipes d’experts au Nigeria. Des drones et des avions espions américains survolent le nord du pays. Israël a aussi proposé son aide.
Le président nigérian avait demandé mardi au Parlement de voter la prolongation pour six mois de l’état d’urgence en vigueur depuis exactement un an dans trois Etats du nord-est du pays, fiefs du groupe islamiste.
Les députés examinaient cette requête, tandis que les sénateurs ont convoqué pour jeudi les ministres de la Défense et de l’Intérieur et les responsables de l’armée et de la police pour faire le point sur l’état d’urgence et ses résultats.
Centaine de tués récents
La mesure est contestée par l’opposition, qui estime qu’elle n’a pas permis, tout en privant la population de liberté, de réduire l’insurrection de Boko Haram. Elle n’a de fait pas empêché la multiplication des attaques dans les trois Etats concernés – Adamawa, Borno et Yobe -, ni deux attentats à la voiture piégée qui ont fait à Abuja une centaine de tués en l’espace d’un mois.
A Lagos, une nouvelle manifestation en faveur des jeunes filles a eu lieu mercredi.
Boko Haram avait enlevé mi-avril 276 jeunes filles dans leur école de Chibok, dans l’Etat de Borno, un des fiefs du mouvement. Plusieurs dizaines d’entre elles sont parvenues à s’enfuir, mais 223 lycéennes restent aux mains du groupe radical.
Appel lancé à l’ONU
A Genève, le Comité des Nations unies pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes a appelé mercredi le Nigeria à «employer tous les moyens nécessaires pour obtenir la libération des jeunes filles».
Enfin, l’écrivain nigérian Wole Soyinka, prix Nobel de littérature, a dit à l’AFP considérer le chef de Boko Haram comme «une obscénité» probablement incapable de dialoguer.
Plusieurs organisations féminines maliennes ont dénoncé de leur côté dans une déclaration commune un «silence coupable des chefs d’Etat et de gouvernement» sur l’enlèvement des lycéennes au Nigeria.
(ats/Newsnet)