Turquie: L’espoir de retrouver des mineurs vivants s’amenuise

«Un maximum de 18 mineurs sont encore coincés dans la mine», a confirmé le ministre turc de l’Energie Taner Yildiz. Ce dernier a laissé entendre qu’ils étaient décédés, affirmant par là que le bilan de cette tragédie devrait s’élever «à 301 ou 302 morts».

Au total, 787 mineurs étaient au fond de la mine quand s’est déclaré un incendie. Des 485 mineurs évacués, 122 ont été hospitalisés.

Selon Soma Holding, la société exploitante, la catastrophe n’a pas été provoquée par un court-circuit dans un transformateur électrique, mais par une accumulation de chaleur à l’origine d’un effondrement partiel des galeries. La sociétéa déjà rejeté toute accusation de négligence.

«Incompréhensible»

Une explosion de poussière de charbon a également été évoquée comme origine possible du drame. Une telle explosion est généralement due à une combustion rapide de particules en suspension dans l’air dans un milieu confiné. Les poussières de charbon constituent un risque minier important.

«C’est un accident incompréhensible sur un site où il y a eu très peu d’accidents en trente ans», a déclaré le président de Soma Holding, Alp Gurkan. Ce dernier a affirmé que sa mine respectait toutes les normes de sécurité.

M. Gurkan est cependant accusé par la presse d’avoir fait primer la rentabilité et le profit sur la sécurité des mineurs. En 2012, dans un entretien à un journal turc, l’homme d’affaires s’était vanté d’être parvenu à réduire les coûts de production à 24 dollars (21 francs) la tonne contre 130 (115) avant la privatisation de la mine.

Cinq blessés dans des heurts

Cette catastrophe a provoqué un mouvement de colère en Turquie, où des milliers de manifestants se sont rassemblés ces derniers jours dans les grandes villes pour protester contre les mauvaises conditions de travail.

Vendredi en fin d’après-midi, la police a violemment réprimé une manifestation de plusieurs milliers d’habitants remontés de Soma, a constaté l’AFP sur place. Les heurts ont fait cinq blessés.

Déjà fortement contesté par une mobilisation populaire inédite lors d’un mouvement qui a duré trois semaines dans toute la Turquie en 2013, le pouvoir islamo-conservateur du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan a tenté de calmer les esprits promettant de faire «toute la lumière» sur la pire catastrophe industrielle de l’histoire du pays.

«Il y aura une enquête approfondie», a assuré mercredi M. Erdogan qui s’est rendu sur place. Il a aussi mis l’accident sur le compte de la fatalité en donnant en exemple d’accidents survenus notamment en France au début du siècle précédent, exacerbant la colère populaire.

Son parti de la justice et du développement (AKP) a demandé l’ouverture d’une enquête parlementaire sur le drame mais celle-ci n’est qu’une procédure. Aucune poursuite judiciaire n’a pour l’instant été lancée contre les responsables de la société exploitante.

Colère du président Erdogan

Selon des images prises par téléphone qui ont circulé sur les réseaux sociaux, M. Erdogan, connu pour ses coups de colère, s’en est même physiquement pris à un manifestant qui l’accablait de critiques, une information démentie vendredi par le porte-parole de l’AKP.

Une autre vidéo filmée également par téléphone montre le Premier ministre prenant apparemment ce même manifestant par le cou et l’insultant violemment en tenant des propos antisémites. «Où vas-tu espèce de sperme d’Israël, viens par ici!», crie le chef de l’exécutif, furieux, dans une grosse bousculade, selon des journaux d’opposition.

Un de ses assistants a ajouté à la controverse, en donnant un coup de pied à un autre contestataire tenu à terre par des policiers armés jusqu’aux dents. La photo du conseiller a choqué le pays, indignant une Turquie meurtrie et en deuil. La police est sur le qui-vive dans tout le pays et réprime violemment tout rassemblement.

(ats/Newsnet)