Nigeria: Sommet à Paris pour contrer Boko Haram

La France accueille samedi à Paris un sommet international pour la sécurité du Nigeria. La rencontre doit arrêter une stratégie commune contre la secte islamiste Boko Haram, dont les exactions menacent de s’étendre au-delà des frontières nigérianes.

L’émotion mondiale provoquée par le rapt de 200 lycéennes, que le groupe menace de vendre comme esclaves, a souligné l’urgence d’une action coordonnée du Nigeria et de ses voisins, avec l’aide des Occidentaux qui contribuent déjà à la recherche des jeunes otages.

Outre François Hollande et son homologue nigérian Goodluck Jonathan, le sommet de Paris réunira les chefs d’Etat du Bénin, du Cameroun, du Niger et du Tchad. Le ministre des Affaires étrangères britannique, William Hague, est annoncé, de même que la numéro deux du Département d’Etat, Wendy Sherman et, pour l’UE, Pierre Vimont, l’adjoint de la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton.

Avec ce sommet, Paris veut «favoriser le dialogue et l’échange de renseignements» entre le Nigeria et ses voisins, souligne-t-on dans l’entourage de François Hollande. «On attend un plan des pays de la région qui présenterait des mesures de travail en commun et un soutien des partenaires occidentaux à ce plan qui serait mis en œuvre rapidement».

Avec près de 6000 soldats déployés entre le Mali et la République centrafricaine, Paris a intérêt à empêcher une dégradation de la situation sécuritaire au Nigeria, et s’inquiète d’une possible contamination du Sahel et de la RCA. La jonction entre les différents groupes extrémistes nuirait aux intérêts de la France et de l’Europe, indique-t-on au ministère français de la Défense.

Surveillance des frontières

«Aujourd’hui, Boko Haram peut assez librement franchir les frontières, trouver un refuge dans les pays voisins, s’approvisionner en armes. L’idée est de réduire ses possibilités à travers l’échange de renseignements et une meilleure surveillance des frontières», dit-on à Paris.

Les actions de Boko Haram, qui milite pour la création d’un Etat islamique, ont fait quelque 3000 morts en cinq ans, dont de nombreux civils. Malgré la mobilisation de sa puissante armée, le Nigeria peine à empêcher les agissements de la secte, qui menace aussi le Niger et le Cameroun.

Abuja s’est accordé avec Niamey pour permettre à ses troupes de franchir la frontière en cas de besoin et envisage de faire de même avec le Tchad. La situation est plus compliquée avec le Cameroun, où se seraient réfugiés des membres de Boko Haram, qui y cacheraient des armes. La secte y a lancé des attaques et contribué au rapt de ressortissants étrangers, dont une famille et un prêtre français.

La France espère que le sommet débouchera sur un plan d’action régional tout en précisant qu’il n’est «pas question d’une intervention militaire occidentale contre Boko Haram».

Attaque au Cameroun

Sur le terrain, des membres présumés de Boko Haram ont lancé vendredi soir une attaque contre une usine à capitaux chinois dans le nord du Cameroun, a indiqué samedi la police camerounaise.

Le gouverneur de la province de l’extrême-nord, Augustine Fonka Awa, a confirmé à l’agence Reuters qu’une attaque avait visé cette usine du secteur routier près de la ville de Waza. Cette localité se trouve à environ 10 km seulement de la frontière du Nigeria, et près de l’Etat de Borno, où l’enlèvement de plus de 200 lycéennes le mois dernier a suscité l’émotion d’une partie de la communauté internationale.

«Un Chinois a été tué. Dix Chinois sont introuvables depuis cette attaque. Nous pensons qu’ils ont probablement été kidnappés», a déclaré sous couvert d’anonymat un commissaire de police de l’extrême-nord du Cameroun. «Les soldats camerounais ont riposté à l’attaque et les combats ont duré jusqu’à 3 heures du matin», a-t-il ajouté.

Une source proche de l’ambassade de Chine à Yaoundé a, elle, fait état de «dix Chinois portés disparus» et d’«un blessé», se refusant à commenter le décès d’un ressortissant chinois.

Lourdement armés

«Les Boko Haram étaient lourdement armés. Ils sont venus avec cinq véhicules», a par ailleurs affirmé un responsable administratif de Waza. «Le camp attaqué est gardé par des soldats du Bataillon d’intervention rapide, une unité d’élite de l’armée camerounaise. Leur nombre a diminué ces jours-ci parce que beaucoup sont allés à Yaoundé» pour la parade militaire du 20 mai prochain, jour de la fête nationale du Cameroun», a-t-il précisé.

Selon le commissaire de police, les assaillants ont attaqué la même nuit le commissariat de Waza, emportant avec eux des armes.

Boko Haram a déjà mené plusieurs opérations par le passé dans le nord du Cameroun. C’est dans le parc national de Waza que sept membres d’une famille française, les Moulin-Fournier, avaient été enlevés début 2013. Ils ont été libérés après deux mois de captivité.

(ats/Newsnet)