
Le pape François a prononcé dimanche un vibrant plaidoyer pour la paix au Proche-Orient lors de sa visite à Bethléem, en Cisjordanie occupée, avant de gagner Tel Aviv, puis Jérusalem.
Le pape a invité les présidents palestinien et israélien chez lui au Vatican afin de prier pour la paix et mettre fin à une situation «inacceptable».
Le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a reçu officiellement le pape François sur le sol de l’Etat de Palestine, reconnu par le Vatican. Sur le chemin de la place de la Mangeoire, François s’est livré à une des improvisations dont il a le secret.
Il a fait arrêter sa voiture découverte pour descendre au pied de la barrière qui sépare Bethléem de Jérusalem, qualifiée parfois de «mur de la honte». Baissant la tête pour une prière silencieuse, il est resté plusieurs minutes devant le mur de béton de huit mètres, la main droite et le front appuyés contre la paroi couverte de graffiti.
Une inscription, en anglais, lui était adressée: «Pape, nous avons besoin de quelqu’un pour parler de justice». Près de lui, un enfant tenait un drapeau palestinien, un geste qui restera sans doute comme l’un des plus emblématiques de son premier déplacement en Terre sainte.
Invitation acceptée
François a été accueilli avec des vivats par quelque 10’000 fidèles sur la place de la Mangeoire, pavoisée de drapeaux du Vatican et palestiniens et ornée d’un tableau géant de la naissance de Jésus. Celui-ci était représenté enveloppé d’un keffieh, le symbole national palestinien.
Pendant la messe, le souverain pontife a invité M. Abbas et le président israélien Shimon Peres à venir au Vatican se joindre à lui pour «une prière intense en invoquant de Dieu le don de la paix».
M. Abbas a «accepté l’invitation du pape et le lui a dit», a affirmé le négociateur palestinien Saëb Erakat. Il a précisé que la visite aurait lieu le 6 juin. Shimon Peres a «salué l’invitation du pape», a indiqué son porte-parole, sans confirmer qu’il s’y rendrait.
François a ensuite déjeuné avec des familles palestiniennes avant de rencontrer des enfants du camp de réfugiés voisin de Dheisheh. Il leur a déclaré: «La violence ne se vainc pas par la violence, mais par la paix». Il a conclu par une visite de la basilique de la Nativité.
«Pas de place pour l’antisémitisme»
De Bethléem, le chef de l’Eglise catholique s’est rendu en hélicoptère à Tel Aviv, où il a été accueilli par Shimon Peres et le Premier ministre Benjamin Netanyahu, avant de rejoindre Jérusalem. Pour éviter tout faux-pas diplomatique, il n’a pas effectué le court trajet par la route pour gagner Jérusalem, dont la partie orientale a été annexée par Israël après la guerre des Six-Jours en 1967.
Lors d’une cérémonie de bienvenue à l’aéroport Ben Gourion de Tel Aviv, il a invoqué «le droit de l’Etat d’Israël à exister et à prospérer en paix et en sécurité à l’intérieur de frontières internationalement reconnues».
Dans le même temps, il a plaidé pour la «reconnaissance du droit du peuple palestinien à une patrie souveraine et au droit de vivre avec dignité et avec la liberté de mouvement». Le pape a également rappelé l’Holocauste, soulignant qu’il n’y a «pas de place pour l’antisémitisme». Il se rendra lundi au mémorial Yad Vashem de Jérusalem.
Célébration oecuménique
François a encore rencontré le patriarche orthodoxe de Constantinople Bartholomée à la basilique du Saint-Sépulcre à Jérusalem. Les deux hommes ont signé une déclaration commune appelant à progresser dans le rapprochement entre leurs Eglises, près de dix siècles après le grand schisme qui les a séparées.
François et Bartholomée se sont longuement prosternés, puis se sont agenouillés. Ils ont enlevé l’un sa calotte blanche, l’autre sa coiffe noire, à l’entrée de la basilique, site selon la tradition chrétienne de la crucifixion et de la résurrection de Jésus.
L’assistance a applaudi les deux dignitaires, puis a entonné des chants de grâces lors de cette célébration oecuménique empreinte d’émotion et de solennité.
(afp