Proche-Orient: Le pape termine son pèlerinage en Terre Sainte

«Que Jérusalem soit vraiment la Ville de la paix! Que resplendisse pleinement sa valeur religieuse et culturelle universelle, comme trésor pour toute l’humanité! Comme c’est beau quand les pèlerins et les résidents peuvent accéder librement aux lieux saints et participer aux célébrations!», a-t-il lancé.

Il a également appelé à l’arrêt de «la violence et des manifestations d’intolérance», après une vague de vandalisme de nationalistes juifs présumés contre des sites chrétiens et musulmans.

Lors de ce pèlerinage, Shimon Peres, président israélien a par ailleurs accepté l’invitation lancée dimanche par le pape François à une prière commune avec le président palestinien Mahmoud Abbas au Vatican.

Appel au dialogue

Le pape s’est aussi rendu sur l’Esplanade des Mosquées, site sacré pour l’islam et le judaïsme. Il y a appelé au dialogue et à la tolérance entre les trois religions monothéistes «pour la justice et la paix». Il était accompagné du patriarche orthodoxe de Constantinople Bartholomée. «Que personne n’instrumentalise par la violence le nom de Dieu!», a-t-il lancé.

François s’était ensuite recueilli devant le Mur des Lamentations. Il y a déposé un billet dans une fente du mur. Un geste qu’avaient fait aussi ses prédécesseurs Jean-Paul II en 2000 et Benoît XVI en 2009, et comme le font traditionnellement les juifs.

François a embrassé fraternellement le rabbin Abraham Skorka et le professeur musulman Omar Abboud. Tous deux sont des amis argentins du pape. Ils l’accompagnent durant son voyage en Terre sainte qui s’achèvera lundi. Cette accolade symbolique réunissait les trois religions et leurs quelque trois milliards de fidèles.

Détours imprévus

Selon le quotidien «Yédiot Aharonot», Israël a exprimé son mécontentement au Vatican après l’arrêt imprévu du pape dimanche devant le «mur» de séparation à Bethléem, en Cisjordanie. Ce mur achevé aux deux tiers isole la partie palestinienne de Jérusalem. M. Netanyahu a assuré le souverain pontife que cette barrière avait «sauvé des milliers de vies».

François a également fait un détour imprévu par le mémorial des victimes israéliennes d’attentats, écrivant un message pour «que cesse le terrorisme». Selon la radio militaire israélienne, il répondait ainsi à la demande du Premier ministre Benjamin Netanyahu, qui l’accompagnait.

Avec ce pèlerinage et ses changements de parcours, le pape a raisonné comme un «prophète» qui «voit au-delà» des blocages actuels afin d’indiquer des «voies», des «ponts» possibles, a expliqué son porte-parole Federico Lombardi.

Dans un autre signe d’amitié envers Israël, François a fait déposer une grande gerbe aux couleurs jaune et blanche du Vatican sur la tombe du père fondateur du sionisme Theodor Herzl, une première pour un pape. Un acte pourtant dénoncé par des militants palestiniens.

Mémorial de la Shoah

Au mémorial de la Shoah à Yad Vashem, Jorge Bergoglio a prononcé une longue méditation empreinte d’émotion sur cette «tragédie incommensurable» et «l’abîme» qu’elle a constitué pour l’humanité rallumant la flamme du mémorial et saluant des survivants.

Il a également rencontré de nouveau des religieux de différentes confessions chrétiennes, en particulier orthodoxes. François a conclu son pèlerinage par une messe au Cénacle, un site sacré pour les trois religions. Cet arrêt avait soulevé des contestations d’extrémistes juifs qui en revendiquent l’exclusivité.

Il y a tenu un discours personnel très chaleureux devant les responsables des diocèses et des ordres religieux de Terre sainte, en profitant pour mettre en avant les idées de «famille», de «fraternité» et d’«amitié».

François a quitté le Proche-Orient lundi soir. L’avion de la compagnie israélienne El Al transportant le chef de l’Eglise catholique a décollé de Tel-Aviv à 19h30 (en Suisse), après une brève cérémonie d’adieux, à destination de Rome.

«Manque de sensibilité»

Parallèlement, dans une collision des calendriers spirituel et temporel, la municipalité israélienne a approuvé un plan de construction de 50 logements dans un quartier de colonisation, considéré comme illégal par la communauté internationale à Jérusalem-Est. Une décision qui «dénote un manque total de sensibilité», a déploré un conseiller municipal d’opposition.

Dimanche à Bethléem, le pape avait lancé un appel à mettre fin à «une situation toujours plus inacceptable» dans le conflit israélo-palestinien, et demandé que soit reconnu le droit pour un Etat d’Israël et un Etat de Palestine de vivre en paix et sécurité.

(ats/Newsnet)