Du Pouvoir Et D’ Idrissa Seck Ou Le Lievre Et La Tortue ! Qui Se Moque De Qui ?

Dans ce pays l’on dit et on le croit fortement que le pouvoir vient de Dieu. Mais encore faudrait-il l’avoir mérité. Et c’est là tout le problème et que tout se complique ! Sauf – et encore est-ce à voir – à vouloir restaurer les mécanismes de la monarchie héréditaire ; chose inouïe en ce 21e siècle et dont la non-pertinence absolue, voire l’impertinence même, a été démontrée ici il n’y a pas si longtemps de cela. C’était Wade, président, qui voulait se faire remplacer par son fils Karim.

Idrissa Seck a fait partie de ces millions de Sénégalais qui s’étaient indignés devant un tel projet et s’étaient levés pour le combattre et l’anéantir. Il y avait pris, alors, toute sa place et elle fut loin d’être négligeable. Mais, cependant que tous, ou presque, s’étaient mobilisés sur la question de principe, lui-même n’était mû que par une autre sorte de ressort : celui de sa propre ambition et d’un droit qu’il croyait détenir. Car, quand bien même il ne le serait que d’adoption – si je puis dire – il n’en restait pas moins un fils de Abdoulaye Wade et l’aîné de surcroît. Alors, que celui-ci songeât à Karim pour lui succéder plutôt qu’à lui-même, c’est cela qui l’insupportait ! Et c’est seulement pourquoi il s’est révolté et est entré en guerre contre son « propre » père, je veux toujours dire « adoptif ».

Car, tant que Wade ne faisait que prendre de l’argent pour le distribuer n’importe comment, acheter des consciences, corrompre les moeurs, accaparer des terres pour les revendre ou les donner gratis et en un mot tout subvertir et tout pervertir jusqu’aux institutions les plus sacrées, il ne disait mot. Mais, pire encore, il le secondait avec talent et assiduité lorsque, comme éclaireur, il ne le précédait pas. Car c’était son clone, c’était son ombre, c’était son fils ! Mais, hélas, d’adoption seulement.

Abdoulaye Wade n’est pas que mauvais et, d’ailleurs, il avait été bon, très bon même pour Idrissa Seck. Il l’avait suivi et couvé tout au long de ses études, lui prodiguant constamment conseils, soutien et subsides.

Soit directement soit à travers Alioune Badara Niang. Directeur de campagne, ministre puis coadjuteur dans l’évêché du Pds et puis enfin le graal ! Lorsque, déjouant la plupart des pronostics et d’abord des siens propres, Wade est arrivé au pouvoir ils ne se sont pas battus en « grands bandits » qu’ils étaient pour le partage du butin. Du moins dans les premiers temps et selon les termes mêmes d’Idrissa Seck. Bien au contraire tout a été réglé au centime près et tout a été nickel. Le lion avait sa part et le lionceau aussi. Je parle de celui qui avait été adopté et tout se passait très bien jusqu’à ce qu’arrive et se révèle le vrai fils du lion.

Idrissa Seck est né avec beaucoup de dons et ensuite il a eu énormément de chance : il a rencontré Wade et Wade l’a aimé et lui a fait un merveilleux destin. Et puis, de son seul fait, de son propre chef, il a tout perdu au prétexte que, finalement, ce même Wade l’aimerait moins qu’il n’aime son propre fils. Mais même là, Dieu qui l’avait si bien doté à sa naissance lui avait encore gardé une chance, une occasion de se forger ce dont il rêvait le plus : un grand destin national. Car le même Wade qui lui avait servi de Mécène, de Mentor et de père des années durant décida de l’embastiller parce que lui, le fils adoptif, refusait de laisser la place au fils biologique !

Car si Idrissa Seck avait pu accepter cet arrêt du destin comme il était, c’est-à-dire une épreuve et subi stoïquement les rigueurs de la prison, il n’y a aucun doute qu’à l’heure des comptes il aurait facilement triomphé de tous les Wade du père comme du fils. Ainsi il serait ce 4è président dont le rêve n’avait jamais cessé de le hanter.

Au lieu de quoi, il est entré dans les combines et des combinaisons toutes aussi biscornues et grotesques les unes que les autres. Lui qui accusait Djibo Kâ de tortuosité se mit à tisser des fils entre les 100m_ et le Palais dans lesquels même une araignée se serait trouvée perdue. Lorsqu’au bout de ces péripéties grandguignolesques autour de milliards à donner ou à recevoir, Idrissa Seck retrouva la liberté, c’était pour rien : il avait déjà tout perdu de la seule matière qui vaille en politique à savoir le crédit. Dorénavant, personne, jamais ne pourrait plus le croire longtemps.

Par rapport à Macky Sall il avait au départ, tous les atouts : il était plus âgé, il avait connu Wade le premier, il l’avait fréquenté davantage et avait plus de proximité avec lui, il a été ministre et Premier ministre et numéro 2 du Pds avant lui. Et même a-t-il subi la vindicte de Wade avant Macky Sall. En tout et partout Idrissa Seck a été devant Macky et pourtant lorsqu’il s’est agi pour les Sénégalais de choisir quelqu’un pour succéder à Wade c’est sur Macky et non Idy que leurs suffrages se sont portés.

A quoi cela tient-il ? A ce qu’ils sont bien sûr ! D’où ils sont issus, de l’éducation qu’ils ont reçue et donc de la conduite et de la posture qu’ils savent et peuvent tenir. Il n’y a pas de hasard pourtant et la parabole du crapaud et de son fondement est bien connue de tous : « mo suuti…faabru ne ko leydi fayy ! » Idrissa Seck ? La divine Providence lui avait mis toutes les cartes entre les mains et qu’en a-t-il fait ? Il les a jetées en l’air une nuit sans lune et au milieu de l’orage et s’emploie à présent à vouloir les ramasser et ce serait risible si ce n’était si pathétique ! Dire que pour un tout petit peu il aurait été Président, c’en est à frémir vraiment ! Heureusement que Dieu ne donne jamais tout à quiconque.

Le Prophète (PSL) excepté !

Par Abdou Salam KANE dit Asak (Le Populaire)