
Le prince des Asturies, 46 ans, sera roi d’Espagne sous le nom de Felipe VI. Avec la future reine, la princesse Letizia, il devra prouver sa légitimité au pays. Le couple à deux filles: Leonor, qui va devenir l’héritière de la couronne d’Espagne, et Sofia.
Felipe représente de plus en plus souvent son père dans les cérémonies officielles. La Maison royale met en avant l’image préservée du futur souverain, longuement préparé au métier de roi, parlant couramment l’anglais et plusieurs autres langues.
Il a «la maturité, la préparation et le sens de la responsabilité nécessaires», a assuré son père Juan Carlos. Il s’est exprimé lundi lors d’une allocution télévisée.
Le visage grave, le monarque de 76 ans a également exprimé toute sa «gratitude» au peuple espagnol. Durant cette émission, il a révélé qu’en janvier il avait «estimé que le moment était venu de préparer la relève». Juan Carlos aura été durant près de 39 ans roi d’Espagne.
Conseil des ministres
Dans une lettre, le roi avait informé auparavant le chef du gouvernement Mariano Rajoy de sa décision. «J’espère que dans un délai très court, la Chambre des députés pourra approuver la nomination en tant que roi» du prince Felipe, a-t-il dit. Et d’ajouter ce commentaire: le roi Juan Carlos «fut le plus grand promoteur de notre démocratie».
Il s’est dit «convaincu que c’est le meilleur moment pour un changement», alors que le sentiment anti-monarchique progresse dans le pays. Les partis de gauche et opposés aux élites ont obtenu des scores prometteurs aux élections européennes du 25 mai.
Réaction de la presse
«Don Felipe devra gagner la confiance des Espagnols en approfondissant les qualités démontrées par son père et en permettant la modernisation dont l’Espagne a besoin d’urgence», a écrit le journal de centre-gauche «El Pais», dans une édition spéciale publiée dans l’après-midi.
«Felipe VI devra revitaliser la monarchie», souligne le deuxième quotidien d’Espagne, «El Mundo» (centre-droit). «Si Don Juan Carlos a dû s’inventer une monarchie parlementaire moderne en Espagne en 1975, Don Felipe devra la réinventer», ajoute-t-il.
Quelques scandales
Né le 5 janvier 1938 à Rome, Juan Carlos a passé une partie de son enfance à Fribourg et à Lausanne. Il a accédé au trône à 37 ans, au décès du dictateur Francisco Franco en novembre 1975. Ce dernier l’avait désigné comme son dauphin.
Le 23 février 1981, le jeune monarque avait marqué ses sujets en déjouant une tentative de coup d’Etat. Dans un message télévisé, il avait ordonné aux officiers putschistes de la Garde civile qui occupaient alors le Parlement de rentrer dans leurs casernes.
Le roi a construit sa popularité en menant la transition de l’Espagne vers la démocratie. Sa fin de règne a toutefois été marquée par quelques scandales.
D’abord le scandale judiciaire qui frappe sa fille cadette, Cristina, 48 ans, mise en examen pour fraude fiscale et blanchiment d’argent. Son gendre, Iñaki Urdangarin, est soupçonné de corruption: la justice lui reproche d’avoir détourné six millions d’euros (plus de 7,3 millions de francs) par le biais de sa fondation.
Chasse à l’éléphant
Autre scandale: la luxueuse partie de chasse à l’éléphant du printemps 2012 au Botswana qui serait restée secrète si le roi n’avait pas été rapatrié d’urgence après une chute. Ce safari avait choqué les Espagnols plongés dans la crise.
Par ailleurs, le roi a eu de multiples ennuis de santé. Juan Carlos a subi plusieurs opérations ces dernières années. Il a eu des difficultés à s’exprimer lors d’un important discours cette année.
Manifestation en soirée
«L’Espagne, demain, sera républicaine !», ont hurlé des milliers de manifestants lundi soir à Madrid. Ils ont réclamé la fin de la monarchie espagnole après l’abdication du roi.
Les protestataires avaient répondu à l’appel de plusieurs partis politiques et organisations de gauche ou écologistes. Ces derniers espéraient qu’il y aurait des rassemblements similaires dans une quarantaine d’autres villes d’Espagne.
(ats/Newsnet)