Genève: L’incroyable histoire d’une femme dissoute par l’Etat

 

Iris* est enfermée dans un trou noir bureaucratique. Cette Brésilienne de 37 ans vit et travaille en Suisse depuis 19 ans. Pourtant, l’administration affirme qu’elle a définitivement quitté le territoire en 2016. Evaporée malgré elle, la voilà avec des tracas en cascade: pas d’allocations familiales, pas d’avances de pensions alimentaires, pas de subsides d’assurance-maladie, et on en passe.

Le cas est kafkaïen. Les organismes concernés lui demandent de prouver qu’elle vit à Genève, mais malgré ses demandes, l’Office cantonal de la population et des migrations (OCPM) ne répond pas à ses courriers ni à ceux de ses avocats. Ils datent du 30 juillet, du 21 août, du 20 septembre 2018, du 19 février et du 15 avril 2019.

Le cauchemar d’Iris, nantie d’un permis C, a débuté en 2016, lorsqu’elle a déménagé à Berne. Vu qu’elle est estampillée «partie à l’étranger» (ce qu’alors elle ignore) la procédure de changement de canton reste en suspens: elle n’est ni au bout du lac, ni outre-Sarine. A bout, elle rentre à Genève en 2018. Mais n’existant plus nulle part elle ne peut, par exemple, s’enregistrer à la caisse des indépendants. «Ils me disent que dans le système Calvin, j’ai quitté la Suisse…»

Son avocate, Me Inès Feldmann, estime la situation «inacceptable». Un juge l’a décrite comme «particulièrement insolite». Iris, elle, ne décolère pas. «Ces presque trois ans de dysfonctionnements et de négligences volontaires nous transforment, mes enfants et moi, en fantômes.»

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