MOUSTAPHA KASSÉ : « L’APRÈS COVID PASSERA PAR LE REPROFILAGE DE TOUTES LES POLITIQUES SECTORIELLES »

 

La cassure sociale et économique instaurée par la pandémie de Covid-19 offre l’opportunité de reprendre toutes les politiques sectorielles. C’est du moins l’avis de l’économiste Moustapha Kassé. Invité de la matinale d’iRadio, ce lundi, 27 avril, le Doyen honoraire de la Faculté des Sciences économiques et de Gestion (FASEG) de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD) explique que cette reprise passera, d’abord, par « une bonne politique agricole. » Laquelle devra « tourner autour de la réalisation de l’autosuffisance alimentaire particulièrement. » Afin, poursuit-il : « que nous puissions cultiver ce que nous mangeons. C’est possible. »

Kassé en veut pour preuve : « tous les éléments sont présents. Il y a l’eau, les engrais, la terre. Les paquets technologiques existent également. Donc, si nous dotons l’agriculture de bons financements tels que ceux prévus dans les grandes instances de l’Union africaine (UA). C’est-à-dire le problème n’est pas de dire qu’on fait de l’agriculture le secteur prioritaire mais pour que cette priorité puisse s’exercer effectivement, il faut mettre des moyens importants au niveau de l’agriculture, en lui permettant de révolutionner systématiquement les conditions de productions. C’est-à-dire l’utilisation des facteurs modernes. »

Ensuite, ajoute-t-il, il faudra s’industrialiser : « C’est possible pourvu qu’on mette les moyens en conséquence ». Dans la mesure où, soutient-il mordicus, « nous avons de bonnes dotations factorielles naturelles. »

Enfin, « développer le secteur tertiaire, et à ce niveau, les TIC, c’est le passage obligé. » L’économiste, prônant une adéquation entre la formation et l’emploi, de souligner : « Pour qu’on arrive à ces modifications sectorielles, il faut les accompagner par deux infrastructures transversales : l’école qui doit permettre de former les ressources humaines les plus appropriées, et mettre l’accent sur les métiers en changeant le profil de ceux ce qui vont au Supérieur. »

Quid du secteur privé ? « Il faut aider ce secteur à repartir. Le secteur privé dans toutes ses composantes c’est-à-dire celles qui ont souffert le plus, le tourisme, les transports, la restauration, entre autres, au point d’être à l’état zéro. (…) Ce qu’il faut faire en la matière, il ne s’agit pas de dire, je vais financer le secteur privé mais modifier les règles de fonctionnement. C’est-à-dire permettre au secteur privé de régler les contraintes qui entravent son développement. Une des contraintes majeures, c’est le financement. (Lequel) suppose qu’on ait des taux d’intérêt pouvant rentabiliser les affaires. Il y a certaines mesures qui sont prises, et qui peuvent régler la situation antérieure.

Mais pour la situation future, il faudrait régler la question du financement du développement, en faisant tout pour abaisser le taux d’intérêt, qui étranglent les entreprises, et qui tuent toutes les initiatives à la bonne entreprise. Il faudrait qu’on implante davantage la Banque centrale. Si celle-ci arrive à avoir un bon niveau de taux directeur, et surveiller la répercussion sur le taux d’intérêt, on arrivera effectivement à baisser ce taux d’intérêt. Mais cela veut dire qu’il faudrait revoir tout le système prudentiel qui ne favorise pas les grandes initiatives privées. Il faudrait impliquer le secteur privé dans les grands projets de l’État ».

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