
En cette veille de Tabaski, des Sénégalais se rendent massivement au marché HLM afin de se procurer des tenues et des accessoires pour la fête. Cette année, en dépit de la circulation du virus, les mesures de prévention ne sont pas respectées.
La chaleur étouffante qui met Dakar dans une bulle invivable n’a pas épargné le marché de la commune des HLM. C’est l’un des marchés dakarois les plus prisé en période fête car il propose des tissus, des bijoux, et des sacs les plus en vus à des prix abordables. Les animations formant un cocktail sonore loin d’être désagréable attirent la plupart des femmes. Elles avancent à la queue leu leu entre les étals de marchandises et les boutiques.
Certaines trouvent le temps de profiter des « effluves sonores » du chanteur Waly Seck en hochant la tête de gauche et droite. D’autres vont même jusqu’à esquisser quelques pas de danses. Mais la chaleur garde son étreinte sur les corps et les visages. Cependant les salutations et bousculades rappellent la période d’avant Covid. Les visages dénués de masque suintent de sueur.
Dans cette foule, les plus prévenants sont ceux qui accrochent leur masque sur une oreille en épargnant l’autre. La distanciation sociale préconisée ne peut être exercée, la petite allée bordée de marchands et arpentée dans une grande bousculade. Les épaules se collent, les corps se rapprochent. « Arrête de me bousculer », lance une dame à un homme visiblement pressé. L’engueulade qui s’en suit n’ira pas plus que le bout de cette allée propice à la proximité.
Le marché des HLM draine un monde fou. Les enfants s’accrochent fortement aux mains de leurs mères pour éviter de se perdre. « Cette année, nous avons une seule occasion pour nous faire belles. Il n’y a pas eu de Korité, on peut dire », avance Fama Touré, les deux mains remplis de sacs. Elle avoue avoir fait le plein en terme d’achats.
Non-respect des mesures barrières
Après une longue et dure bataille pour sortir de la foule, Awa Diop, rejoint les salons improvisés afin de se faire faire des extensions de cils. Ces hommes et femmes munis de leur stick tatoueur en plus de la colle sont disséminés sur le marché. Les clientes ôtent toutes leurs masques de leur visage et se rapprochent dangereusement de leur tatoueur.
Le spectacle est hallucinant dans ce contexte où le port du masque est obligatoire sous peine d’amende. La présence persuasive de la police est marquée par des gestes rapides afin de recadrer le masque sur le visage. La voiture contenant quelques récalcitrants se fraie difficilement un chemin dans cette assemblée. Elle roule lentement, donnant le temps aux gens de remettre leur masque dans des gestes automatiques.
A l’intérieur d’un centre commercial, un calme olympien y règne, le brouhaha du dehors contraste avec l’atmosphère des lieux.
Les toussotements d’un vendeur font sursauter une dame, qui, enclenche de rapides enjambées avant de se retourner « mets au moins un masque avant de tousser. Si quelque chose m’arrive, je reviendrai te voir », martèle la dame avant de lui lancer un regard qui en dit long sur son énervement. Tel un cowboy solitaire, elle dodeline au loin en passant son chemin provoquant fou rire au vendeur.
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