Anticipées de philosophie: une quête de sagesse pour deux élèves malgré la Covid

 

 

Pour plus de 100 000 élèves, l’obtention du bac commence par les épreuves anticipées de philosophie. Pour deux d’entre eux, ce fut une matinée mouvementée et de découvertes au Lycée Seydina Limamou Laye. Cheikh et Assane partagent beaucoup de choses. Sy, le même nom de famille, sans aucun lien de parenté ; L, la même série ; 30, le même numéro de salle d’examen ; et surtout le même sujet traité.

C’est un véritable ouf de soulagement pour ce binôme inséparable. Il est un peu de 7 heures du matin quand ils franchissent les portes du lycée Seydina Limamou Laye de Guédiawaye. Faire entrer en moins d’une heure en respectant le protocole sanitaire les 2500 candidats sous le portail aux allures de forteresse moyenâgeuse de cet établissement, fierté de tout un département pour ses bons résultats, n’est pas chose aisée, malgré « la mise en place d’une machine à taille industrielle financée par le ministère du Commerce qui permet de laver les mains d’une dizaine de personnes en moins d’une minute », selon Mandaw Mbaye, le proviseur. « Il faut le dire, la distanciation sociale n’était pas respectée dans la file d’attente devant le lycée.

Et puis au moment de franchir le portail, les préposés au thermoflash n’avaient le temps de vérifier si notre température était bonne (en deçà de 38°C) pour aller en salle d’examen », raconte Cheikh Sy, 19 ans, habitant HLM 5. Comme un tic de langage, le jeune homme a Serigne Touba à la bouche et Mame Cheikh Ibra Fall sur la langue, le tout mis en valeur par un habit traditionnel mouride aux couleurs de pintade que son masque blanc vient dépareiller. Passés ces péripéties, les deux acolytes ont le temps de disserter sur le futur sujet qu’ils espèrent traiter. « Comme beaucoup d’élèves, nous nous attendons à un sujet portant sur la thématique « Liberté et Etat » vu le contexte actuel marqué par l’épidémie de Covid mais aussi par l’état d’urgence assorti du couvre-feu », planifie Assane, 19 ans, venant de Pikine avec un jean et un sweet dont la capuche est prolongée par une coupe de cheveux façon Will Smith dans la série « Le prince de Bel air ».

Un peu moins de trois heures après, le binôme sort du bâtiment Labo du LSLL. Il est 10h 15. Sourire timide aux lèvres, les deux amis sont « plutôt satisfaits » malgré les deux heures sur quatre possible passés en salle d’examen. Le port du masque durant toute l’épreuve dans une salle, sans air conditionné, n’a pas été non plus un frein à leur enthousiasme.

« Nous avons choisi le sujet 1 « la tâche du philosophe, à notre époque, est de délivrer l’homme de ses angoisses profondes ». Je l’ai traité en thèse et antithèse », développe Assane, qui peine, malgré la présence rassurante de son ami, à masquer une certaine timidité. Pour la note escomptée, « le moral est bon », avoue sans sourciller Cheikh avec une certaine bonhomie facilement contagieuse. « Lors des différents contrôles continus en cours d’année, mes notes oscillent entre 10 et 12/20 », se rassure Cheikh. Assane se limite à faire entendre un 11 obtenu lors de la dernière composition. Sur ce ton rassurant, Cheikh qui rêve de devenir gendarme entonne « Armée française » d’Alpha Blondy. « C’est mon chanteur préféré. J’ai écouté le son ce matin avant de venir à l’examen », sourit-il.

Lesoleil.sn /