“ET SI ON PARLAIT DAVANTAGE ÉCONOMIE ?”

 

Qui voulait voir le « Pape » devait se rendre… à Diamniadio, le mardi 29 septembre. La « fumée blanche » s’est échappée. Et voici le PAP-2A ! L’acte 2 du Plan Sénégal émergent, avec ses 14 712 milliards (excusez du peu), est censé sortir le Sénégal de sa grisaille économique. De l’ombre à la lumière. On fera les comptes en 2023. Réformez ! Attaquez ! Allez-y ! Je vous couvre ! Jamais on n’avait vu, entendu un président de la République pousser ainsi à l’action ses ministres. Les signes annonciateurs d’un remaniement ? Peut-être. Pour l’heure, les consignes données au « bloc équipe » pour reprendre le langage footballistique du coach-Président, appelle des interrogations.

Le gouvernement a-t-il peur de réformer ? La réponse coule de source au regard de la façon dont le chef de l’Etat a martelé les mots. Constat amer : ça ne bouge pas. Mais il faut bien faire bouger les choses. Par qui ? Il se trouve justement que l’organisation tactique du « bloc équipe » aussi bien en « phase offensive » qu’en « phase défensive », incombe au président de la République. A lui de changer le ou les joueurs défaillants. A lui également, conséquence de ce qui précède, de faire entrer des joueurs à même d’exécuter le schéma tactique préalablement défini. C’est ce qu’on appelle FAIRE BOUGER LES LIGNES. Il a 16 millions de Sénégalais à sa disposition. Réformer. Mais réformer quoi ? Et comment ?

La crise dans laquelle la pandémie a plongé le pays ne lui donne ni le choix, encore moins le temps. S’il est maintenant admis par tous qu’il faudra « apprendre à vivre en présence du virus », il est aussi et surtout évident qu’on ne pourra plus continuer à vivre comme si rien ne s’était passé. Il y a eu un avant et un pendant. Il y aura nécessairement un après-covid. Autant dire qu’un monde d’après commence… C’est en cela que la relance dont il est question, après la résilience, invite et oblige à la transformation de la vie économique et sociale des nations. Le Sénégal ne saurait se soustraire à cette obligation. C’est une question vitale. Réformer, donc transformer. Les deux vont de pair. Les réformes dont il s’agit ne sont rien d’autre que l’action efficace sur des secteurs déjà connus.

Cette action de transformation est sous-tendue par une stratégie de développement endogène. Le gouvernement qui a consigné son intention de réformer dans le document présenté au Conseil présidentiel sous la dénomination de « PAP II Ajusté et Accéléré », indique, lui-même, noir sur blanc les leviers à actionner. Point besoin de discourir davantage pour comprendre que l’urgence est à « la souveraineté alimentaire ; la souveraineté sanitaire et pharmaceutique (adieu les coûteuses évacuations sanitaires !) ; l’industrialisation de l’économie ; la transformation digitale de l’économie ; le développement du Secteur privé ; le développement du tourisme local et régional ; le renforcement de la protection sociale et de l’équité territoriale. »

Réformer et relancer l’Économie oui. Mais avec celles et ceux qui font l’économie ! Le Privé national d’un côté et les paysans, pasteurs et pêcheurs de l’autre, de même que les artisans, doivent occuper leur place et toute leur place. Il nous tarde à y arriver. L’Etat ne peut plus se dérober de son obligation réaffirmée par son Chef de « donner du contenu au Contenu local ». Préférence nationale. Patriotisme économique. Quitter les slogans creux pour épouser l’action. Après la plateforme pétrolière du Port de Dakar confiée à un consortium d’investisseurs sénégalais, le Président Macky Sall a lancé un autre gros challenge au Secteur privé local. « J’ai 25% pour vous sur l’Autoroute à péage », déclare-t-il en répétant la même invite pour Sen’Eau et la production d’électricité pour ce qui est de Senelec.

L’invite à plus de vigilance s’impose en direction notamment des acquisitions prédatrices qui étouffent le privé national. L’exemple de la SDE est là pour rappeler que les nationaux sont des partenaires de choix. Gageons que le défi sera relevé par nos capitaines d’industrie. Outre-Atlantique, quoi que chaotique, le premier débat présidentiel TRUMP-BIDEN aura montré tout l’enjeu de la relance des économies dans le monde. Et si on parlait davantage d’économie ?

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