Magal et Coronavirus : ce que révèle une enquête sur la détermination des mourides.

 

Le Grand Magal de Touba est célébré ce mardi 6 octobre alors que le Sénégal est de plain-pied dans sa croisade contre la maladie à coronavirus. Les fidèles mourides partiront-ils à Touba malgré le coronavirus ? Respecteront-ils les mesures barrières, notamment le port du masque ? Toutes ces questions ont mené à une enquête à l’initiative du bureau de prospective économique, sous la direction de Moubarack Lô. Et les réponses sont pour le moins intéressantes.

Déjà, il faut savoir que l’enquête a été réalisée par téléphone les 4 et 5 octobre et a ciblé 1000 personnes se trouvant dans les 14 régions du Sénégal (hors département de Mbacké).

La première tendance dégagée par l’enquête concerne la gravité de la maladie à coronavirus. À ce sujet, 74% des populations enquêtées pensent que le coronavirus est très grave contre 28,6% qui pensent le contraire.

Selon les résultats de l’enquête, 72% des personnes ont eu à prendre part à une édition du Grand Magal et que 44% avaient fait le déplacement l’année dernière vers la ville sainte. 98,3% déclarent s’être déjà rendus à Touba. 32% des personnes ont répondu par l’affirmative à la question de savoir si malgré le coronavirus, ils allaient partir à Touba, contre 67,41% qui disent qu’elles ne vont pas s’y rendre.

Les mourides décidés à célébrer le Magal à Touba malgré le coronavirus  

Pour les enquêtés mourides, 68,3% d’entre eux ont décidé de se rendre au Magal cette année, soit une baisse de 15,7 points de pourcentage par rapport à l’année dernière.

La non-participation augmente avec l’âge (38,7% des mourides de plus de 61 ans ne vont pas au Magal cette année contre 25% seulement des 18-24 ans).

Pour plus de la moitié (51,47%) d’entre les mourides qui ne vont pas au Magal, les raisons évoquées concernent le coronavirus ou la santé, le manque d’argent, la garde de la maison (9,5%) et l’absence d’autorisation (conjoint/parent (3%).

Selon la même enquête, 83% des interviewés qui n’ont pas fait le déplacement cette année ont émis l’intention de le célébrer en famille alors que 76,3% reportent à l’année prochaine.

S’agissant maintenant des mourides qui ont confirmé leur intention de se rendre à Touba cette année, les déterminants fondamentaux de la célébration du Magal sont d’abord et avant tout, que cet évènement religieux est une recommande de Cheikh Ahmadou Bamba (47,4%), la confirmation de l’appartenance à la communauté mouride (21,5%), le renouvellement du pacte d’allégeance ou yessal pour 13,7% et la quête de prière et autres bénédictions du marabout (13,3%). La dimension festive du Magal n’est pas en reste car 2,1% des enquêtes avouent s’y rendre pour le « berndèèl », mais aussi l’occasion de se retrouver.

Au sujet du moyen de transport affrété pour se rendre à Touba, l’essentiel des individus enquêtés, c’est-à-dire 67,1% affirment utiliser les transports en commun. 32,9% soutiennent qu’ils seront à la ville religieuse à bord de leurs propres moyens de transport. Selon l’enquête, 30% de cet échantillon utilisent leurs voitures personnelles ou empruntent leurs véhicules de fonction alors que 2,9% viennent à Touba en motos.

Le port du masque, une mesure respectée

Le respect du port du masque semble avoir fait l’unanimité parmi les personnes interrogées. Presque la totalité dit utiliser les masques pour se protéger du coronavirus. Maintenant, pour le type de masque, les avis divergent. 54% des enquêtés affirment utiliser un masque en tissu lavable et réutilisable alors que 33,1% jettent leur dévolu sur les jetables. 11,4% disent utiliser les masques chirurgicaux, 0,3% les masques FFPT. Concernant les réfractaires au port du masque, ils sont 1,1%.

À la question de savoir si en se rendant à Touba, « Porteriez-vous le masque de protection en cours de route ? », 68% des individus confirment qu’ils vont porter les masques puisqu’on le recommande, 27,7% déclarent qu’ils portaient le masque avant même qu’on le recommande. Par contre,  tempère l’enquête, 4,3% disent qu’ils ne vont pas porter de masque soit par principe de liberté individuelle, où parce qu’incapables de supporter physiquement un tel article.

Pour les personnes interviewées qui confirment utiliser les masques pour se protéger du coronavirus, 57,4% déclarent qu’elles vont souvent l’utiliser lorsqu’elles sont dans les lieux d’hébergement, 89,1% et 89,7% respectivement lorsqu’elles sont dans les mosquées et au niveau des mausolées, 7, 1% lorsqu’elles sont dans la rue et 89,9% déclarent qu’ils vont l’utiliser souvent lorsqu’elles sont à bord des véhicules avec d’autres passagers.

Dakaractu /