
Invité à la matinale d’ITV, Toussaint Manga, sans langue de bois, est revenu sur la bagarre entre les libéraux lors de la cérémonie de lancement des ventes de carte de membreS. Également, il a mis en garde le président de la République sur les dangers du troisième mandat avant de dénoncer le rôle de l’Assemblée nationale sur la gestion des inondations.
Des incidents ont, ce vendredi, émaillé la cérémonie de lancement des ventes de cartes du Parti Démocratique Sénégalais. Comment analysez-vous cette bagarre entre libéraux ?
Je tiens à préciser que tout acte de violence est à condamner et c’est inacceptable que de telles situations se passent au niveau du siège du parti démocratique sénégalais. Parce que, nous mettons en danger la vie des mères et pères de familles qui sont venus assister à une manifestation organisée par le secrétaire général. Le parti prendra toutes les dispositions nécessaires pour que de tels actes ne se reproduisent plus.
Est-ce qu’il y aura des sanctions ?
Je laisse la question à l’appréciation du parti. Je crois qu’au niveau interne il y a aura une discussion pour situer les responsabilités et prendre les mesures pour de pareilles choses ne se reproduisent plus. Il faudrait que cela ne se reproduise plus. Concernant le fond du problème, le parti ne s’est pas encore prononcé, le concerné Bara Gaye ne s’est pas encore prononcé. A l’interne, le débat se posera et les gens en discuteront pour résoudre le problème. Il n’y a pas de crise. Le parti est un grand parti. Il peut arriver qu’il y ait des parenthèses comme ce qui s’est passé le vendredi.
Pouvez-vous revenir sur cette alliance PDS/Pastef que vous avez développé récemment ?
La réflexion que j’ai émise n’a pas pour objectif d’élection. L’objectif, avant l’élection, il y a beaucoup de choses qu’il faut régler dans ce pays. J’estime et je suis convaincu que la configuration de ces deux partis, s’ils unissent leurs forces, feront une opposition très forte. Et le Sénégal a besoin d’une opposition très forte pour le pouvoir puisse prendre au sérieux les questions qui sont itinérantes à la démocratie. Maintenant, les élections, on en viendra. C’est un autre cadre. Nul ne peut aller gagner les élections de façon isolée. Macky Sall ne gouverne pas seul. Il gouverne autour d’une alliance forte. Donc, le moment venu, les partis de l’opposition verront la meilleure configuration possible pour demander les suffrages des sénégalais. Ce qui est clair est que tout homme politique averti, est conscient que la configuration de ces deux partis peut permettre d’avoir une position très forte au Sénégal. Et une démocratie, on ne la mesure pas par rapport à la majorité mais une démocratie dans un pays, on la mesure par rapport à la force de son opposition.
Quel est votre avis sur la question du troisième mandat ?
Mon avis est que ce débat est d’abord une question de moralité. Nous, on n’est pas gêné sur ce débat. Le Pds a demandé un troisième mandat en 2012. Et, à l’époque, Macky Sall faisait partie de ceux qui disaient que Wade n’a pas droit de faire un troisième mandat. Il avait même pris la décision d’aller passer la nuit à la place de l’Obélisque et avait même demandé à ce que ses militants aillent déloger l’ancien président de la République, Me Abdoulaye Wade. Après être élu, il a dit au peuple qu’il fera deux mandats. Il l’a même écrit dans son livre. Si quelques mois après, il n’arrive pas à répondre de façon très objective et très claire qu’il ne fera pas un troisième mandat, c’est grave. Et son comportement suspect qui tend à sanctionner ceux qui disent qu’il n’a pas droit à un troisième mandat nous pousse à dire qu’il a décidé, officieusement, de tenter un troisième mandat. Mais moralement, il ne le doit pas. Je crois qu’il respecte les Sénégalais. Il doit respecter sa parole. Mais politiquement, il n’aura pas la chance d’y accéder parce que les Sénégalais savent se faire respecter. C’est une question qui intéresse les politiques mais qui doit même intéresser les hommes religieux. C’est maintenant que la question doit être réglée une bonne fois pour toute.
Et qu’est-ce-que vous allez faire s’il insiste à se présenter ?
S’il insiste avec tous les subterfuges à forcer avec son troisième mandat, il sera battu. Mais, on ne lui donnera même pas l’opportunité d’y arriver. Les Sénégalais sont assez mûrs politiquement et ils ne donneront pas à Macky Sall l’opportunité de déposer sa candidature pour un troisième mandat.
506 milliards de FCFA ont été dépensés dans la lutte contre les inondations 2012-2022. Pensez-vous que l’Assemblée nationale a été à la hauteur pour vérifier les réalisations qui ont été faites ?
L’Assemblée n’a pas été à la hauteur de sa mission. Pour des questions importantes comme celles des inondations, de la gestion de la pandémie, elle devait convoquer les ministres et les directeurs généraux qui ont eu à les gérer. Ce, afin qu’ils puissent expliquer aux Sénégalais ce qu’ils ont fait, ce qu’ils ont pu réaliser. Les convoquant à l’Assemblée serait de donner l’opportunité aux Sénégalais de savoir où est ce que l’Etat a mis les sous. Mais, l’Assemblée nationale fuit le débat. On a même l’impression que l’Assemblée nationale veut protéger ou cacher certaines choses en mettant en place une commission d’information. Ce, pour une question aussi sensible. Ce n’est pas responsable pour une Assemblée nationale. Ailleurs, des questions moins importantes nécessitent de grands débats. Notre rôle de député, avec cette 13e législature, n’est pas accomplie comme nous le souhaitons.
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