À LA DÉCOUVERTE DE SINE GUÈYE, 1er VENDEUR DE CHAPELETS À MÉDINA BAYE

 

 

« Je ne connais pas mon âge, j’ai 4 ans » ! Ce n’est pas un enfant innocent qui tient de tels propos. Ce sont plus tôt les paroles d’un octogénaire qui ne veut pas dévoiler son âge. Lui, c’est Sine Guèye. Il est le premier vendeur de chapelets dans la cité religieuse de Médina Baye où des milliers de pèlerins convergent, chaque année, pour célébrer la naissance du prophète Mouhamed (PSL). De loin, le vieux donne l’air de quelqu’un qui est très difficile. De près, on découvre son humanisme. Visiblement trop taquin, il est d’un commerce facile et se montre très disponible. Et, c’est avec fierté qu’il raconte son histoire. A l’en croire, pendant le règne de Baye Niasse, il n’y avait pas de vente de chapelets. C’était une activité méconnue dans la cité.


UN CHAPELET VENDU À 750 MILLE

« J’ai été le premier à s’activer dans la vente de chapelets dans la cité religieuse de Médina Baye. C’était en 1986. A l’époque, c’est Abdoulaye Niasse, premier Khalife de Médina Baye après Baye Niasse qui tenait le Khalifat », se souvient-il. A l’époque, poursuit-il, les chapelets n’étaient pas prisés. Rares sont ceux qui les achetaient. « Parfois, je pouvais rester toute la journée sans vendre deux chapelets. Les prix unitaires variaient entre 300 à 500 francs CFA », ajoute-t-il. Mais, sachant que tout vient à point pour qui sait attendre, Sine Gueye ne se décourage pas.

Quelques années plus tard, il quitte les alentours de la mosquée et s’installe sous l’ombre des acacias, lieu où les notables se regroupaient quotidiennement. Ici, la chance commence à lui sourire. Son activité commence à se développer. Ses clients s’accroissent et les commandes se multiplient. C’est ainsi que d’autres ont commencé à limiter.

LES ENFANTS POUR PRENDRE LA RELÈVE

Généreux, le natif de Latmingué, les accueille à bras ouvert et leur montre la voie à suivre. Aujourd’hui, Sine Gueye ne regrette pas d’avoir été le précurseur de la vente des chapelets dans la cité religieuse. Car, il a bien trouvé son compte. « Aujourd’hui, la vente des chapelets marche bien. Les prix varient entre 500 à 100 mille francs CFA. Parfois même plus. En 2018, j’ai vendu un chapelet à 750 mille francs CFA. Le client était séduit par la beauté du chapelet et quand je lui ai dit le prix, il n’a pas marchandé. Il a casqué fort », dit-il.

Même s’il n’est pas un millionnaire, le vieux Sine Gueye ne se plaint pas. Il rend grâce à Dieu d’autant que tout ce qu’il a réalisé, dans sa vie, c’est grâce à cette activité. « Grâce à la vente des chapelets, j’ai acheté une maison bien construite, j’ai épousé de bonnes femmes. Cela m’a aussi permis de bien prendre en charge mes enfants qui, aujourd’hui, sont à l’abri du besoin. Aujourd’hui, ils ont pris la relève », se réjouit-il.

En 1986, Sine Gueye ne payait de taxe pour écouler ses produits. Mais aujourd’hui, la donne a changé. Les commerçants établis aux alentours de la grande mosquée déboursent 30 mille francs CFA. Un montant qu’ils jugent excessif mais que Sine Gueye juge abordable. « Ils sont installés sous des tentes qui sont louées à 500 mille francs CFA. Ils sont à l’abri dus soleil et personne ne les dérange là où ils sont », justifie Sine Gueye. Qui, aujourd’hui, est devenu membre du comité d’organisation du Gamou de Médina Baye. Homme du sérail, il gère l’organisation et l’installation des commerçants. Une tâche qu’il gère bien avec passion et détermination.

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